Bosnie-Herzégovine: découverte d'un charnier à Tomasica (Prijedor)

Bosnie-Herzégovine: découverte d'un charnier à Tomasica (Prijedor)

Un charnier contenant plusieurs centaines de cadavres vient d’être découvert par les enquêteurs en Bosnie. Selon le Bureau du Procureur de Bosnie-Herzégovine, il s’agit des victimes bosniaques et croates de Prijedor et ses environs, assassinées durant l’été 1992, lors du conflit survenu après l’éclatement de l’ex-Yougoslavie.

Ce charnier découvert àTomasica dans la municipalité de Prijedo, serait l'un des plus grands mis au jour en Bosnie-Herzégovine depuis le conflit , a déclaré Boris Grubesic, un porte-parole du bureau du procureur.

La comptabilité macabre de ce véritable génocide fait état de 231 corps entiers exhumés, ainsi que 112 fragments, un décompte qui ne fait qu’augmenter de jour en jour voire d’heure en heure au fur et à mesure de l’excavation de cette fosse commune de dix mètres de fond, qui dure depuis septembre dernier, a indiqué le porte-parole du bureau du procureur Boris Grubesic.

Les restes récupérés sont acheminés vers un centre d'identification à Sanski Most , afin d’y être soumis à une analyse médico-légale et un processus d’identification, indique le bureau du procureur.

Ces fouilles se déroulent en présence de représentants de la Commission internationale des personnes disparues (ICMP: organisation intergouvernementale fondée en 1996), du ministère de l’Intérieur pour la Bosnie, d’un médecin légiste ainsi  que de membres du bureau du procureur.

L’identification de ces restes humains pourrait contribuer à mettre un terme aux recherches désespérées de nombreuses familles des disparus lors du conflit qui n’a pris fin qu’en 1995.

Cependant, pas moins de 9 000 personnes sont toujours portées disparues, soit environ 30% de celles qui ont été signalées après le conflit, et il y en aurait encore 22 000 autres selon l’ICMP.

Le chef de la délégation de l'Union européenne en Bosnie-Herzégovine, l’ambassadeur Peter Sorensen, qui faisait partie d'une délégation venue visiter le site Tomasica il y a un un peu plus d'un mois, a quant à lui évoqué des milliers de personnes toujours portées disparues.

« Leurs familles ont le droit de savoir ce qui est advenu de leurs proches portés disparus ", a-t-il affirmé. «Les gouvernements, les autorités militaires et les anciens groupes armés ont l'obligation de fournir toutes les informations pertinentes dont ils disposent pour contribuer aux efforts pour permettre aux familles de se retrouver.»

Peter Sorensen accompagné d’une délégation s’était alors rendu sur un autre site de charnier en cours d’excavation, charnier enfoui à même le dépotoir de Sarajevo.

Des témoins rapportent que pas moins de 100 corps pourraient s’y trouver. Mais pour que l’excavation soit possible, il faudrait procéder au préalable à l’enlèvement d’un entassement d’ordures qui s'est fait pendant plus de deux décennies, selon un communiqué de la Commission internationale des personnes disparues.

Kathryne Bomberger, directeur général de la Commission, a salué le travail des enquêteurs, observant que l'excavation entreprise sur ces deux sites étaient « parmi les plus complexes entrepris dans la région. »

« Le processus d'enquête sur ces disparitions est une tâche laborieuse qui nécessite une excavation minutieuse des tombes clandestines et une documentation précise des preuves qui y sont récupérées », a-t-elle souligné.

De son côté, le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie, soutenu par l'ONU, continue toujours de poursuivre les crimes de guerre commis pendant les conflits dans les Balkans durant les années 1990, avec les quatre procès toujours en cours dont celui de l'ancien dirigeant serbe de Bosnie Radovan Karadzic, accusé de génocide, crimes contre l'humanité et crimes de guerre.

Les trois autres procès concernent  Ratko Mladic, chef de l’ex-armée serbe de Bosnie poursuivi pour génocide et d'autres crimes de guerre; Goran Hadzic, chef rebelle des Serbes de Croatie accusé de crimes contre l'humanité et crimes de guerre, et Vojislav Seselj, un politicien nationaliste serbe qui doit répondre de crimes contre l'humanité et crimes de guerre.