Sur l’œuvre précoce de Charles de Miramon
Par N.TPublié le
Il est des jeunes artistes qui apparaissent dans le monde comme l’aube d’un jour nouveau et le rayonnement d’une seule de leurs ébauches encore tâtonnantes, éclaire les temps obscurs. Charles de Miramon est de ceux là.
Il va avoir l’âge précisément que célèbre Rimbaud, ce météore, dans « Les poètes de sept ans » : « Il faisait des romans, sur la vie du grand désert, où luit la Liberté ravie, Forêts, soleils, rives, savanes! »… – L’œuvre dont nous parlons de cet enfant est un simple bonhomme en pâte à sel peinte, semble t-il. A un sens aigu de la forme il associe une fine compréhension de la couleur et une étonnante maîtrise des oppositions de complémentaires et des toniques. Soit une dominante orangée, dopée par des pointes de vert et un bonnet bleu.
On sait que les peintres les plus novateurs, Matisse, Miro, on su utiliser ces correspondances de la couleur de la manière la plus classique, poussée à l’ultime, au service de l’audace de leur vision. Mais il y a plus encore dans l’œuvre de Charles de Miramon qui évoque d’une manière inconsciente peut-être mais bien réelle, aussi bien les peintures et sculptures de Karel Appel, l’une des figures du mouvement Cobra, que les Nanas de Niki de Saint-Phalle ou le personnage du Père Ubu d’Alfred Jarry, précurseur du surréalisme et fondateur du célèbre collège de pataphysique qui apportera au monde une des réflexions les plus transgressives qui soit sur le pouvoir des mots et de la représentation.
On sait que souvent les artistes les plus prometteurs sont traversés comme à leur insu par le fleuve souterrain du temps et ce qu’il charrie de formes archétypales, des sculptures des cyclades à la Vénus de Lespugue. Le bonhomme de Charles de Miramon en est une manifestation résurgente dont l’évidence s’impose. Bon anniversaire à cet artiste grâce à qui il advient quelque chose sous le soleil.