Le politologue Michel Crespy diagnostique le maintien de Dominique Reynié (LR) au 2nd tour et évoque ce qui nous attend pour dimanche prochain après le verdict des urnes de ce dimanche 6 décembre.

Régionales 2015 : "Le maintien de Reynié au 2nd tour gèle des voix qui iraient plus au FN qu’au PS"

Le politologue Michel Crespy nous livre son regard sur le verdict sorti des urnes ce dimanche 6 décembre. Il diagnostique également le maintien de Dominique Reynié au second tour et évoque ce qui nous attend pour dimanche prochain. 

Entretien…

Le FN arrive à un score historique au 1er tour des élections régionales 2015 en Languedoc-Roussillon- Midi-Pyrénées et à l'échelle de la France, est-ce que cela vous a surpris, quelles conclusions doivent en tirer les partis politiques républicains ?

« Quand on observe la courbe de progression du FN depuis les régionales de 2010 à travers la présidentielle et les départementales, non, on n’est pas surpris, le FN est un peu partout un peu au-dessus de son score des départementales. Les conclusions à tirer pour les "grands partis" (qui ne le sont plus tellement) sont politiques : que proposer qui réponde mieux à ce que souhaite une partie très importante de la population ? C’est cette réflexion qui est nécessaire, mais il n’est pas sûr que ces partis la mènent tant ils sont persuadés que leur politique est juste et qu’en somme c’est le peuple qui a tort. Nous risquons de payer cet aveuglement assez cher. Candidat LR-UDI au 1er tour,

Récipiandaire de 18,84% des voix au 1er tour en Languedoc-Rousillon, Dominique Reynié a dès hier soir annoncé maintenir sa candidature pour dimanche prochain. A l'inverse de ce qu'a préconisé Jean-Christophe Lagarde, le président de l'UDI, mais dans la droite ligne de la proposition de Nicolas Sarkozy. Comment comprendre et interpréter le maintien de Dominique Reynié qui est politologue de profession au 2nd tour des élections régionales dans notre future grande région, suite au fort score enregistré par le FN au 1er tour ?

Reynié en effet est politologue, il a même écrit un excellent livre sur le populisme que chacun devrait lire. En apparence, il se contente de suivre la consigne nationale de son parti, même s’il est le seul concerné puisqu’en aucune autre région la droite LR n’arrive 3e. Mais comme il est aussi un observateur très avisé du FN, il n’a pas manqué de soupeser les conséquences d’un éventuel retrait. Toutes les études, y compris les siennes, montrent qu’en cas de retrait de LR ses électeurs se divisent en trois tiers : un tiers s’abstient, un gros tiers vote FN et un petit tiers à gauche. Le maintien de Reynié au 2nd tour gèle donc des voix qui iraient plus au FN qu’au PS et Reynié le sait très bien. Comme il a toujours été très clair dans son combat prioritaire contre le FN, se maintenir est la meilleure chose qu’il puisse faire pour affaiblir le FN. Mais évidemment il ne peut pas le dire de cette manière.

Selon vous, quels sont les grands scénarios électoraux envisageables pour dimanche prochain en Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées ?

L’élection est probablement assez serrée et beaucoup hésitent et se décideront au dernier moment. Sur le papier, Delga est plutôt mieux placée. Mais il y a une condition : que tout l’électorat de gauche qui va de l’extrême-gauche aux écologistes en passant par le Front de Gauche, c’est-à-dire toute la gauche qui est déçue par Hollande et souvent révoltée contre sa politique, vote pour elle. C’est très loin d’être gagné. En menant la politique économique qui est la sienne et emaintenant sa politique sécuritaire, Hollande a braqué beaucoup d’électeurs qui sont à gauche du PS et qui auront peut-être tendance à le montrer et c’est sans doute l’une des deux clefs du scrutin. Il y a un autre facteur : dans une élection à deux tours, le plus souvent la dynamique se renforce au 2e tour. Or, en ce moment, la dynamique est en faveur du FN et il y a un très gros réservoir d’abstentionnistes. De sorte que si je devais parier un euro sur le vainqueur, je le mettrais plutôt sur Aliot. Mais beaucoup de choses peuvent encore changer dans un sens ou dans l’autre dans les dernières heures dans une élection où les contingences régionales comptent beaucoup moins que les questions nationales. »