La tentation national-populiste
Par musthammouchePublié le
Le feuilleton Fillon, qui promet d’autres rebondissements, l’a révélé : le système politique n’est plus adapté à la culture politique dominante.
De fait, les « primaires », désormais adoptées par les principales formations politiques (PS, LR et Verts), ont dépouillé les partis d’une de leurs vocations essentielles en cinquième république : produire les leaders « naturels » qui font leurs candidats « naturels ». Le premier président passé par la formalité des primaires a dû renoncer au privilège, jusqu’ici « naturel », de se présenter à second mandat. Son échec a, certes, facilité sa tacite révocation.
A droite, Alain Juppé, dont la légitimité semblait évidente, a été largement désavoué par la primaire au profit d’un postulant qui s’est appuyé sur un programme de droite radicale. Dans la nouvelle situation, dans le cas de Juppé comme dans celui de Hollande, on semble réduit à chercher de la grandeur dans le renoncement.
Le programme de Fillon, pour lequel une base apparemment incompressible de l’électorat de droite le plébiscite encore malgré le scandale, est inspiré par ce sentiment de « péril mondialiste » qui est en phase de démanteler les systèmes politiques des démocraties occidentales.
Le populisme opportuniste a profité de la crise de croissance que le capitalisme vit depuis quelques décennies, aggravée par la crise financière de 2008, pour pousser des opinions nourries aux postulats de pérennité et de linéarité du modèle de développement socio-économique des « trente glorieuses », à se défendre leurs positions historiquement acquises.
A tout prix, puisque même la morale doit reculer devant l’impératif du national-conservatisme. Les promesses de refouler la menace migratoire et la concurrence industrielle valent bien l’effort de s’accommoder d’un président soupçonné d’indélicatesse avec les deniers publics ! C’est, paradoxalement, un magnat du bâtiment, probable protagoniste du désastre américain des subprimes qui a ouvert le bal de la régression. L’Europe suit, mais l’Europe résiste aussi.
M. H.