Affaire Jean-Luc Mélenchon : les mots et les attitudes choquent par leur violence et leur mépris flirtant allègrement et dangereusement avec le populisme ambiant en Europe et les risque de "stasis", bref, de crise civile en France.

Vidéos : Affaire Jean-Luc Mélenchon, les grands dérapages

Après les perquisitions très agitées du côté de la France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon, son leader est entendu ce jeudi 18 octobre par l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales. Zoom !

Tout a commencé mardi matin, à 7h, au domicile de Jean-Luc Mélenchon et de ceux d’une vingtaine de collaborateurs ou "camarades" de la mouvance du parti. De chez lui, Jean-Luc Mélenchon a décidé sur les coups de 9h, de mettre lui-même en scène sa perquisition en se filmant en direct sur Facebook :

Après ce premier direct live, Jean-Luc Mélenchon a poursuivi avec un deuxième direct live, toujours sur le même ton, calme, jusqu’au moment où il annonce ceci :

"Nous allons vous le faire payer politiquement !"

C’est à entendre, ici, à parti de 3 minutes et 40 secondes :

A la fin de cette vidéo, il lance un appel au rassemblement des sympathisants de la France Insoumise à son QG. Voici ce que cela donne dans l’œil de nos confrères Quotidien, le ton et les gestes sont nettement plus énervés, c’est à voir à partir de 1 minute et 55 secondes :

Ça pousse !

"On pousse, on pousse !", lance Jean-Luc Mélenchon. Dans cette même vidéo ci-dessus, à partir de 4 minutes et 22 secondes, on peut aussi voir Jean-Luc Mélenchon bousculer le procureur présent sur les lieux, avant de toucher un policier qui semble lui apprendre que la première personne touchée par le député est un magistrat, un représentant de la justice, avec tout l’embarras qui se trouve alors manifesté. Mais il n’y aura pas d’excuses pour tout cela, ni envers les représentants de la justice, ni envers les représentants de la police, Jean-Luc Mélenchon se présentant en position victimaire, l’un des nombreux symptômes du populisme : il dénonce depuis 48 heures "l’oppression" d’une "police politique", appelons un chat un chat, un véritable complot organisé le jour même du remaniement ministériel du Premier Ministre Edouard Philippe auprès du Président Emmanuel Macron. Dans ses mots, cette "police politique" explique de cause à effet, tous ses faits, gestes et expressions de "colère".

Ce dérapage là-aussi ? Quand Jean-Luc Mélenchon répond à une journaliste toulousaine avec une parodie d’accent marseillais alors qu’il se trouve élu député des Bouches-du-Rhône (sic !) pour, in fine, éviter une question de bon sens sur les critiques qu’il avait émises à l’époque des affaires Fillon et autres ?

« Quelqu’un a-t-il une question formulée en Français et à peu près compréhensible ? Parce que moi votre niveau me dépasse, je ne comprends pas ! »

Stasis

Les mots et les attitudes choquent par leur violence et leur mépris flirtant allègrement et dangereusement avec le populisme ambiant en Europe et les risque de "stasis", bref, de crise civile en France.

Si un député bénéficie en effet d’une immunité parlementaire, il se doit aussi de respecter les valeurs de la République, à moins que ce ne soit pas le cas dans son for intérieur et de vouloir jouer avec le feu, ce que l’on n’ose imaginer. Un député, comme toutes personnes à responsabilité et comme tout citoyen, doit montrer l’exemple, à l’heure où, entre la menace terroriste et la perte de respect en cours de longue date face à tout ce qui représente de près ou de loin les institutions désavouées, les policiers, les pompiers et les chauffeurs de bus étant, entre autres, en premières lignes d’incivilités flagrantes. Décidément, tout semble aller à vau-l’eau, surtout quand un député dénonce « une justice à deux vitesses » alors que lui-même ne peut pas être placé en garde à vue du fait de son statut actuel de député…

Liberté d’expression républicaine

Jean-Luc Mélenchon peut dénoncer le capitalisme mondialisé et ses désastres, il peut s’indigner d’être soumis à deux enquêtes préliminaires (au sujet d’emplois fictifs présumés au niveau européen et au niveau de ses comptes de campagne à l’élection présidentielle), là où il préfèrerait être soumis à une information judiciaire, ce qui lui donnerait le droit d’être assisté par un « avocat », martèle-t-il.

Ce matin, à  l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales sis à Nanterre, il était accompagné de son avocat pour la libre audition à laquelle il n’était pas obligé de se rendre, dans le respect de la loi républicaine. Il s’y est rendu. Mais avant de pénétrer dans les locaux de Nanterre, il s’en est à nouveau pris à un journaliste avec sa gouaille virulente :

Des attaques récurrentes contre les médias, autre symptome du populisme, comme il l’avait fait la veille face à Jean-Jacques Bourdin en lui lançant aussi ceci, trop fermement, après l’avoir pourtant remercié de l’avoir invité :  "Vous, Bourdin, vous allez vous calmer !". C'est à voir à partir de 10 minutes et 55 secondes :

Le respect se perd

Du calme, du calme... C’est parce que la République existe que Jean-Luc Mélenchon peut s’exprimer et poser par exemple cette judicieuse question, à l’intention du nouveau Ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, comme il peut vilipender le traitement judiciaire de l’affaire Benalla :

"Pourquoi le siège de la République En Marche possède un stock d’armes ?".

La question est posée et attend une réponse, bien évidement.

"On ne crache pas dans la soupe", dit le dicton populaire, en l’occurrence, la bonne soupe des libertés républicaines, car on peut la jauger, la critiquer et l’améliorer grandement, comme une bonne recette félicitée par le plus grand nombre. A moins de vouloir sombrer dans le pire des populismes et des dictatures, mais là, c’est encore tout autre chose… A suivre !