"Pour en finir avec les Pervers Narcissiques", de Dominique-France Tayebaly

Plus qu’une action isolée, la perversion est un véritable système de prise de pouvoir sur autrui qui prend généralement naissance au sein même du milieu familial, en franchissant les frontières pour s’établir au-delà, dans des groupes d’individus ou dans la société.

La violence extrême qui la caractérise se camoufle généralement sous une apparence trompeuse qui donne des pervers narcissiques une image souvent idéale, en tout cas parfaitement conforme au modèle qu’ils prétendent incarner : un mari parfait, un père idéal, bref, une « attitude réservée au public », comme le souligne Dominique-France Tayebaly, l’auteure de l’ouvrage « Pour en finir avec les Pervers Narcissiques » paru aux Editions Breal.

Les « pervers narcissiques » disposent d’un arsenal de moyens d'actions qui leur permettent d’asseoir leur domination sur leur(s) victime(s) qui s’en trouvent soumises voire aliénées. Néanmoins, la culpabilisation et le chantage affectif se distinguent du lot par leur redoutable efficacité.

C’est avec un grand souci de précision que la psychanalyste Dominique-France Tayebaly passe en revue les stratégies de la perversion et de la manipulation. Ainsi, la mise sous surveillance, le mensonge, la confusion, la menace, l’inversion prétendue des rôles qui désigne le bourreau comme la victime tout en accusant la victime réelle de monstre sont des tactiques d’autant plus redoutables que, réitérées à doses quotidiennes, incessantes, continuelles, elles finissent par revêtir le manteau de la vraisemblance banale. Elles prolifèrent dans l’ombre, le « silence assassin » et l’intimité de harcèlements qui ne disent jamais leur nom.

Comme le montrent des récits de patients, que Dominique-France Tayebaly cite dans son livre, la malveillance de la perversion et de la manipulation ne peut s’exercer sans de graves répercussions sur les victimes. Sous l’influence malsaine de manipulateurs, celles-ci se retourneront d’abord spontanément contre leur propre personne jusqu’au moment où, le traumatisme devenant insoutenable, elles entament une analyse, reconnaissant ainsi le caractère malsain de ce qu'elles ont subi.

Le plus souvent, des blessures profondes gravées dans des vécus douloureux contribuent à forger des comportements pervers. Cette espèce de spirale infernale reproduit insidieusement le terreau sur lequel la perversion peut proliférer à l’infini. En effet, les patients traumatisés, qui ont peu à peu réellement perdu leur autonomie et leur liberté d’êtres humains, se trouvent être les plus à même de se transformer en manipulateurs dès lors que la situation s'y prête.

Que penser par exemple de scènes de violence qui se déroulent dans la rue sous les yeux de témoins passifs par manque de courage sinon que leur soumission est une caution donnée à la loi du plus fort?

Ainsi, la perversion est un véritable fléau toujours actuel car son actualité se réalise en même temps que toute relation humaine qui s’en trouvé affectée, soumettant les individus, tant dans leur vie privée que dans leur vie sociale.

Comme y insiste l'auteure, il est impératif d’apprendre à la repérer, l’identifier et la débusquer pour en combattre les désastreuses conséquences non seulement chez autrui mais aussi en soi. Protéger son altérité de toute entreprise d’altération requiert alors lucidité et courage, qualités pas vraiment faciles à acquérir mais néanmoins indispensables pour « en finir avec les pervers narcissiques ».