Musc’art 67 : après l’émotion, poésie et sagesse cycliste.
Par MAMIER PierrePublié le
Ce Musc’art 67, de mai, qui n’était donc pas « 68 », a encore offert à la bonne vingtaine de personnes présentes son lot de propos intéressants apportés par les trois invités du jour, deux poètes et un journaliste-écrivain-sportif, qui est bien connu à Frontignan pour ses écrits dans Midi Libre et son moyen de locomotion, le vélo !
Pensée émue pour Jean-Pierre Roque
Mais il fallait malheureusement qu’Angela Mamier ouvre la soirée avec une mauvaise nouvelle et un hommage, celui à rendre à Jean-Pierre Roque, récemment décédé, alors qu’il était fidèle à Musc’art par le passé, invité en tant qu’auteur et éditeur mais qui était surtout apprécié de tous pour son sens du contact et sa remarquable gentillesse. Le livre des 50 premiers Musc’art, dont Jean-Pierre a fait partie, a circulé parmi l’assistance pour que chacun livre son sentiment sur cet homme qui va tous nous manquer.
La place était alors donnée aux deux poètes de la soirée : Jacques Péchoux, pour son troisième ouvrage de « Poèmes » et Angela Mamier elle-même, qui ne l’oublions pas, si elle anime ce cénacle, « sort » elle aussi, parfois et discrètement, un ouvrage de poèmes.
Jacques, avec ses textes très personnels
Jacques Péchoux : humour et amour de la nature soignent le désenchantement.
Angela a présenté Jacques Péchoux comme quelqu’un qui aspire à un autre monde, meilleur mais impossible et qui trouve sa consolation dans une réconfortante nature et la pratique d’un humour bien à lui où il peut même « se lâcher » jusqu’à l’inattendu, le tout, avec une modestie « qui nous réjouit », a dit une personne du public et donc qui l’honore. Les deux préfaces de son livre ont été lues par leurs auteurs, Angela et Pierre Mamier, Marie Doutrelant a lu ses poèmes et Eric Gohier a composé un poème rimé en « ose », de la couleur rose qui apparaît quand même dans son œuvre et du verbe « oser », que Jacques va encore pratiquer pour son….quatrième ouvrage !
Eric Gohier et sa surprise poétisée
Angela Mamier, une poétesse attachée à ses racines
Avec Angela Mamier-Nache, nous entrions dans un univers tout à fait différent, celui de sa Roumanie natale où Angela conserve de solides racines, malgré tous ses traumatismes de femme, de mère et de citoyenne, vécus sous la dictature de Ceaucescu et qui ressortent de ses textes inspirés.
Marie, en toute oralité.
Elle a alors parlé de son parcours littéraire bilingue (franco-roumain) et de la thématique de ses livres parus en Roumanie puis en France, en soulignant que le dernier titre paru a bénéficié d’une agréable et lyrique couverture, « L’arbre bleu », réalisée par son amie artiste peintre frontignanaise, Marie Doutrelant. Laquelle a lu avec talent quelques poèmes, ceci avant qu’Angela ne parle de cette symbolique de l’arbre, réponde à des questions sur la vie en Roumanie sous dictature et cite au passage un jeune auteur roumain, Costel Suditu, qui a dit tout le bien qu’il pensait des encouragements reçus par son « mentor » dont il apprécie chaleureusement la personnalité artistique.
Patrick, en toute intimité
Patrick Jean, le penseur du cyclotourisme
Avec l’ami Patrick Jean, nous allons éprouver quelques difficultés à rester objectif tant son destin de journaliste a pu croiser et côtoyer le nôtre il y a quelques temps. Mais quand Angela le présente comme un « penseur-philosophe » qui a réfléchi dans son livre, sur son amour pour la nature, à travers son autre passion, la pratique de la randonnée cyclotouriste et son rapport avec le genre humain, dans les périples qu’il a effectués, l’on découvre là, une facette moins connue de cet homme à la forte personnalité, qui sait non seulement écrire mais aussi affirmer ses quatre vérités à qui de droit.
Le public, fidèle, attentif et participatif
Et dans son livre « La libricyclette », Patrick Jean s’exprime non seulement comme le président de « La confrérie des 650 », une association qui protège, promeut et fait vivre la « randonneuse », sorte de vélo-vintage pour cyclotouristes puristes, mais aussi en sage à la plume prolixe et élégante, qui chante les mérites d’une pratique qui n’a rien à voir avec la compétition mais seulement avec une nature grandiose qu’on ne veut pas vaincre mais avec laquelle on veut se mesurer, sur « l’engin le plus noble créé par l’homme », dans le plus amical esprit des pratiquants, les uns vis-à-vis des autres. Et d’oser alors vilipender la cruauté des hommes, « écraseurs d’animaux », et dont « la connerie ne respecte pas la vie ». C’est dans une langue fleurie de poète-prosateur et philosophe que Patrick évoque au passage un dialogue sur le genre humain avec une couleuvre croisée sur sa route. Cocasse, édifiant et caractéristique de cet esprit des « 650 », qui transportent dans leurs sacoches de randonneuse des valeurs bien françaises de liberté affirmée, de respect de la vie, de convivialité pure, pas forcément en phase avec le monde (déjanté ?!) d’aujourd’hui qui lui, roule sur d’autres chemins autrement critiquables. Il faudrait que la confrérie, au moins spirituelle, de Patrick s’agrandisse, pour que tout simplement, le genre humain puisse continuer à espérer dans son existence.
Les dédicaces, du travail, pour les trois auteurs!
Le repas servi par Stéphanie, le bouquet final toujours apprécié