France : polémique autour de "l'exil fiscal" du richissime Bernard Arnault, patron de LVMH
Par N.TPublié le
Bernard Arnault, patron du groupe de luxe LVMH, a déclenché une vive polémique suite à sa demande de nationalité belge. L'heure est aux commentaires croisés provenant d'acteurs et d'observateurs du monde politique et des affaires sur le lien éventuel de cette décision avec la révision à la hausse des obligations fiscales des "super-riches", promesse de campagne de François Hollande.
Agé de 63 ans, le président du groupe Louis Vuitton Moët Hennessy (LVMH) dispose d'un domicile à Bruxelles, indique le quotidien La Libre Belgique qui a révélé l'information sur son site internet. LVMH a domicilié un certain nombre de holdings financières en Belgique, précise le journal.
L'information est communiquée alors que le gouvernement français prépare pour fin septembre, avec le budget, la nouvelle taxe ou tranche d'imposition censée prélever 75% de la part des revenus supérieure à un million d'euros annuels, promesse de campagne de François Hollande.
Confirmant sa demande de nationalité belge, le grand patron s'est empressé de démentir tout lien avec sa situation fiscale.
"Contrairement aux informations publiées ce jour, M. Bernard Arnault précise qu'il est et qu'il reste résident fiscal français. L'obtention éventuelle de la double nationalité franco-belge ne change rien à cette situation ni à sa détermination de poursuivre le développement du groupe LVMH et les créations d'emplois qui en sont la conséquence en France", écrit-il samedi dans le magazine Forbes, qui le classait en 2011 quatrième fortune mondiale et première en Europe.
"Il rappelle que le groupe LVMH embauche, chaque année, plusieurs milliers de personnes en France et ce depuis plus de 20 ans et qu'il contribue massivement aux exportations françaises", ajoute-t-il.
"Lâche désertion fiscale..."
L'opposition de droite a aussitôt dénoncé la politique de François Hollande, accusé de s'attaquer aveuglément aux riches les dissuadant d'investir et de créer des emplois.
"Ça va se répandre comme une traînée de poudre. A travers toute la planète, on dira que la France n'aime pas la réussite", a dit l'ex-Premier ministre François Fillon, en campagne pour la présidence de son parti, l'UMP.
Le Parti communiste se propose pour sa part de "mettre hors d'état de nuire les dirigeants irresponsables et cupides", car, écrit-il dans un communiqué, "cette lâche désertion fiscale est bien misérable". Il estime que le dirigeant de LVMH est "coutumier du fait" puisqu'il avait choisi, en 1981, les Etats-Unis pour trois ans, après l'élection du président socialiste François Mitterrand.
C'est un "signe de trahison" a jugé de son côté Bruno Le Roux, président du groupe socialiste à l'Assemblée, pour qui le patron de LVMH est un de ces "accrocs aux privilèges qu'ont générés les cinq ans de Sarkozy".
Il n'existe pas en Belgique d'impôt sur la fortune (ISF), les donations ne sont pratiquement pas taxées et les plus-values de successions, de cessions sont beaucoup moins élevées qu'en France. Avec un patrimoine estimé à plus de 30 milliards, le patron de LVMH, devenu belge, trouverait assurément son compte. Au diable la morale !
Mise à jour du 10.09.12, à 11h : Face à la polémique qui n'en finit pas d'enfler à gauche, comme à droite, Bernard Arnault a assuré hier qu'il allait continuer à payer ses impôts en France, comme tous les Français, expliquant que sa demande de nationalité belge servait « une démarche personnelle engagée depuis plusieurs mois » qui « ne doit faire l'objet d'aucune interprétation politique ». Ce qui n'a pas empêché le quotidien Libération de titrer ce matin, en Une : « Casse-toi riche con ! »