"Certaines circonstances appellent davantage au recueillement... qu'au karaoké d'estrade... " (DR)

France : Christiane Taubira, cible de nouvelles attaques

La droite et l’extrême-droite attaquent conjointement la ministre de la Justice, Christiane Taubira, lui reprochant de n’avoir pas chanté la Marseillaise samedi 10 mai, jour de la commémoration de l'abolition de l'esclavage.

Mme Taubira a confirmé n'avoir pas chanté la Marseillaise, expliquant que « quand, à la note exacte, au-dessus de l'orchestre, la voix de la soliste se détache... (elle) écoute ».

« Certaines circonstances appellent davantage au recueillement... qu'au karaoké d'estrade », a plaidé la ministre dans une longue tribune publiée sur sa page Facebook.

 Jean-François Copé, président de l'UMP, a été prompt à réagir, dramatisant à dessein l’événement pour provoquer une réaction dans l’opinion.

« Elle est ministre de la République. Il y a des choses qu'on ne peut pas dire, qu'on n'a pas le droit de dire, et je suis, je pense comme des millions de Français, profondément choqué qu'elle ait pu utiliser ce type de formules (karaoké d'estrade, NDLR) », a insisté le député-maire de Meaux (Seine-et-Marne).

Le Front National a surenchéri, fustigeant le "mépris" du gouvernement "pour la France" et demandant la démission de la ministre.

Notons quelques réactions dans le gouvernement. Le ministre de l'Education nationale, Benoît Hamon, a souligné que lui-même n'avait pas chanté la Marseillaise au même moment, le 10 mai, « comme la plupart des autres ministres. Pourquoi? Parce qu'elle est chantée par une soliste ».

M. Hamon a fait remarquer qu'on ne lui reprochait pas à lui ce qu'on reproche à la garde des Sceaux: « Pourquoi? Parce qu'elle est devenue le symbole aujourd'hui de conquêtes, d'une forme de démocratie vivante, de République vivante, qui assume la diversité de la société française ».

Ce n'est « pas le hasard, c'est toujours sur la même que ça tombe », a déclaré de son côté l'ex-ministre de l'Économie Pierre Moscovici.

Mme Taubira a été la cible privilégiée de la droite et de l’extrême droite, taxée de "laxisme" pour son projet de loi de prévention de la récidive introduisant une "peine de probation".

La ministre de la Justice a par ailleurs été la victime d'attaques racistes, une fillette lançant même: "C'est pour qui la banane ? C'est pour la guenon !" lors d'une manifestation anti-mariage gay.

L'ex-candidate (PRG) à la présidence de la République à l'élection de 2002 y avait répondu dans un livre plaidoyer pour une société plus tolérante et ouverte.