Commémoration : 20 ans d'urbicide du Vieux-Pont de Mostar
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Sans le soutien des autorités, de nombreux citoyens de Mostar se sont rassemblés le week-end dernier sur le Vieux pont, érigé en 1566. Bombardé pendant trois jours par les projectiles des forces HVO (Conseil de défense croate), le monument a fini par tomber dans la rivière Neretva le 9 novembre 1993 à 10h et 16 minutes.
Nedjad Kasumovic, un habitant de l'ancienne ville à filmé l'agonie du monument saisissant sa chute dans la rivière. Son témoignage visuel a fait tour du monde.
Des fleurs pour le Vieux-Pont
L'"Association des citoyens de Mostar" qui compte des centaines de membres de plusieurs générations, amoureux de leur pont, restauré par l'Unesco en juillet 2004 et inscrit la même année sur la Liste du patrimoine mondial, grâce à l'endurance et la persévérance de l'archéologue Mounire Bouchenaki.
Auteur de plusieurs livres, le docteur Mounire Bouchenaki, ex sous directeur pour la culture d'Organisation onusienne, est originaire de Telmecin, et a des racines familiales dans la ville de Stolac, non loin de Mostar.
Le docteur Bouchenaki de son vrai nom Munir Bosnjak, installé dans le Midi, n'a pas été invité à la commémoration car celle-ci n'a pas d"'existence officielle.
Les sirènes de la ville ont annoncé l'événement et des milliers d'habitants se sont rassemblés sur le pont et jetés des roses et fleurs de lys dans les eaux toujours transparentes et joliment vertes de la Neretva.
Le plus célèbre parmi les "hirondelles" de Mostar, les nageurs magistraux qui perpétuent une vieille tradition locale des sauts, véritable attraction pour de nombreux touristes qui visitent la ville, Emir Balic a souligné:
"Ces vingt ans ont passé comme vingt jours. J'ai le même sentiment de tristesse et d'incompréhension. Comme d'autres citoyens, je suis émotivement lié aux morceaux du Vieux-Pont, magistralement incorporés au monument restauré. Mais nous les reconnaissons et venons les toucher comme un talisman. Nous les sacralisons de plus en plus car la blessure de sa perte n'a jamais cicatrisé".
Un siècle de prison pour les nationalistes
Ancien commandant des troupes pour la défense de la ville, Esad Humo regrette que la restauration du symbole de Mostar n'ait pas rapproché les habitants. Les Bosniaques vivent toujours à l'est et les catholiques à l'ouest.
Les leaders politiques et militaires de "Herceg-Bosna", dont des adeptes nationalistes ont essayé et presque réussi une version de "nettoyage ethnique", guidés par leur premier ministre Jadranko Prlic, après de longues mois de jugements à la Haye, ont été condamnes à 111 ans de prison.
Prlic a écopé de 25 ans, son ministre de la Défense Bruno Stojic de 20 ans et le général Slobodan Praljak, responsable de HVO ainsi que le général Milivoj Petkovic, passeront aussi deux décennies en prison.
Le chef de la police militaire Valentin Coric sera enfermé durant 16 ans et l'ex responsable pour l'échange des prisonniers, Berislav Pusic purgera une peine de 10 ans.
Le Vieux pont fut construit entre 1557 et 1566, suite à la demande des habitants envoyée à Soliman le Magnifique, lui-même à moitié Slave car il était de mère Serbe.
Le projet du grand architecte Sinan fut exécuté par un Mostarois, Mehmed bey Karadjoz, le constructeur de plusieurs d'autres monuments historiques de la ville.