Turquie: les femmes se révoltent contre les discriminations et le machisme
Par N.TPublié le
« Je le jure devant Dieu, le diable qui est en moi me demande d'enlever une de mes chaussures et de vous la jeter. Mais lorsque je les regarde, ma chaussure et vous, je me dis vraiment que vous n'en valez pas la peine », a lancé à ses collègues du Parti de la justice et du développement au pouvoir (AKP, islamiste) une élue du Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate).
Aylin Nazliaka se révoltait contre le discours machiste qui caractérise les islamo-conservateurs au pouvoir dont le numéro 1, l’ex-premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, a été élu président dimanche 10 août pour cinq ans.
La députée intervenait dans le cadre d’un débat autour d’une proposition de loi sur les violences conjugales. L'élue reprochait aux islamistes de vouloir contrôler « ce que les femmes portent, ce qu'elles consomment et même la couleur de leur rouge à lèvres ».
Son texte a été rejeté par le Parlement, où l'AKP dispose de la majorité absolue.
Brandir ou jeter sa chaussure contre quelqu’un est considéré comme la pire des insultes dans le monde musulman.
Inspirées par le geste de la députée d’opposition, de nombreuses Turques ont publié mercredi sur Twitter des photos de leurs chaussures sous le mot-clé #geliyorterlik (la pantoufle arrive).
"Ma pantoufle arrive et elle peut faire aussi mal qu'une matraque de police", a écrit l'une d'elles sur le compte @blenderella.
Cette nouvelle campagne survient après les propos du vice-Premier ministre Bülent Arinç, qui avait recommandé aux femmes de ne pas rire à gorge déployée en public au nom d'une nécessaire "décence".