Le Corse effectuera sa première traversée vers Bastia vendredi. (DR)

SNCM : les forces de l'ordre ont débloqué Le Corse après trois semaines de grève entre illégalité et gâchis

Trois semaines de blocage pour en arriver là... 400 agents des forces de l'ordre ont délogé hier soir la vingtaine de marins CGT qui bloquait Le Corse, le ferry de la SNCM occupé illégalement depuis le 25 janvier, alors qu'il devait rejoindre la rade de l'île de Beauté, pour l'ouverture de la ligne Toulon-Bastia, le 27 janvier dernier.

Ironie de l'histoire, les 400 policiers et agents du GIPN mobilisés hier soir ne sont intervenus qu'après que la CGT ait saisi le Tribunal de Grande Instance de Marseille (TGI), alors que le Président du Tribunal avaient auparavant prononcé deux jugements défavorable à l'action de la CGT, le premier déclarant illégale la grève sur Le Corse et le second ordonnant le déblocage du navire par huissiers pouvant être assistés de la force publique.

« Un trouble manifestement illicite »

Ce n'est finalement qu'à la suite de la saisine de la CGT et de son ordonnance consécutive, que les forces de l'ordre sont intervenues face au refus des vingt marins présents sur le bateau de lui rendre sa liberté de manœuvre. Car le TGI de Marseille ne s'est pas déjugé dans ce troisième jugement, même s'il était cette fois prononcé à la requête de la CGT : il a une nouvelle fois demandé aux grévistes de lever le blocage du Corse en faisant à nouveau peser la menace d'une astreinte d'heure à heure et en évoquant une nouvelle fois le possible recours à la force publique en cas de maintien du mouvement.

Dans son ordonnance, le TGI soulignait précisément « que le droit de grève n'emporte pas celui de disposer des biens de l'employeur ». Et ajoutait que l'« occupation pérenne du Corse (...) par des marins grévistes ou des salariés étrangers à la liste d'équipage, qui a pour conséquence de rendre impossible l'appareillage du navire dans le cadre de l'exploitation commerciale de celui-ci, est constitutive d'un trouble manifestement illicite ».

Les marins CGT refusant de libérer Le Corse, outil de travail de la ligne Toulon-Bastia, contre laquelle ils s'opposent une nouvelle fois dans un communiqué, alors que la création de cette ligne était appelée des vœux de Frédéric Alpozzo, le secrétaire général des marins CGT en comité d'entreprise de la SNCM, comme l'a révélé Médiaterranée ici, les forces de l'ordre ont été mobilisées.

Aujourd'hui, tout laisse à penser que le conflit pourrait se poursuivre, Frédéric Alpozzo ayant d'ores et déjà indiqué à l'AFP, suite à l'intervention policière, que son syndicat aller « informer l'ensemble des salariés de la flotte » pour décider « de la suite à donner au mouvement ».

Reste à savoir si les personnels de la SNCM, dirigée par le Montpelliérain Marc Dufour, président du directoire, se reconnaîtront dans cette mobilisation particulièrement étrange qui agite la chronique depuis trois semaines et fait aujourd'hui plus que jamais figure de grand gâchis, quinze jours après la seconde ordonnance du TGI de Marseille... 17 procédures disciplinaires (dont certaines pour faute lourde) sont à ce jour en cours, à la SNCM, suite à l'occupation illégale du Corse.