Applications de rencontres, les femmes sont-elles plus libres ?
Par fabienPublié le
Libération virtuelle
#balancetonappli
Il y a dix-huit mois, je partais faire mon expédition quotidienne en vélo. HS sur le retour, sans eau, c’était l’été. Je pris le tramway. Dégoulinant de sueur, rincé, j’écoutais de la musique, ailleurs, le regard dans le vide. Puis, j’eu la sensation que l’on m’observait avec insistance.
Une jeune femme de moins de trente ans, très séduisante, assise juste en face de moi, me fixe droit dans les yeux derrière ses lunettes de soleil. Je suis mal à l’aise.
Elle se penche vers moi sans quitter ses lunettes :
Excusez-moi. Vous n’êtes pas sur Tinder* ?
Je marque un temps d’arrêt éberlué.
- Heu… Comment ? C’est à moi que vous vous adressez ?
- - Vous n’y êtes pas ?
- - Comment ? Je ne comprends pas. C’est à moi que vous vous adressez ?
- - Oui, vous me plaisez. Je viens de vous checker sur Tinder pour vous matcher par géolocalisation.
J’ai entendu parler de cette application. Sa drague cash me déstabilise.
- Je n’ai pas cette application… heu.. Je suis dégoulinant de sueur.
- - Dommage, vous êtes très séduisant, bronzé.. avec votre tee-shirt mouillé et le petit short moulant.. hum…
Je me sens mis à nu. Waoh !
- Merci, je suis très flatté. (un temps d’arrêt, je réalise).. Vous êtes très jolie… Mais, vous pourriez être ma fille. (La seule formule que je trouve).
- - Vous me plaisez grave. Inscrivez-vous. Voici mon pseudo, on s’y retrouve.
Elle a piqué ma curiosité. Quelques temps plus tard, j’installe Tinder, Adopte un mec* Meetic* Happn* et d’autres applications pour moi. Mes copines, m’en parlent aussi, pourquoi pas ?
Immédiatement, j’éclate de rire, rien qu’à la lecture des pseudos utilisés par les femmes, « pralinette, cendrillon »… et leurs biographies rédigées, grand écart entre la ou les photographies suggestives de certaines et leur désirs « coup d’un soir, passe ton chemin », liste de tout ce qu’elles détestent et ne veulent pas chez l’autre. Je suis très perplexe.
Je décide très rapidement de créer un profil féminin pour voir ce que les hommes racontent. J’ai envie d’écrire une histoire sur le sujet.
Pour avoir des résultats immédiats, je choisis l’avatar d’une sublime actrice italienne de 40 ans peu connue en France où l’on perçoit ses belles formes. Je rédige une bio avec ses goûts gastronomiques, musiques etc.. y compris ce qu’elle recherche comme relation et de vagues suggestions humoristiques érotiques.
Mon smartphone pris « feu » avec le nombre de notifications reçus sur cinq applications. Je voulais avoir une vision large, globale. Boum ! 5000 en 24h.
Check my love
Vidéo comique sur les applications de rencontres...
Je supprime rapidement l’option notification pour respirer.
J’ai choisi un ou deux échantillons dans chaque profil pour engager la conversation.
Le seul mot que je puisse utiliser est Wahouuuuuu !
Tous les articles que j’ai pu lire sur les applications de rencontres sont fades, voir des niaiseries ou de la promotion pure et simple des produits proposés dans les rayons de ces supermarchés, avec ses têtes de gondole qui payent pour être vu, pouvoir échanger… avoir, posséder. N’est-ce pas une façon d’entretenir le principe de femme objet ?
Je n’ai trouvé aucun article avec une analyse sur ces rapports marchands. Les slogans publicitaires entre les « Libération de la femme », « Enfin, la femme prend le contrôle », « Chope toi aussi ton lover » et j’en passe, ne sont que pure foutaise.
La relation sur ces médiums dématérialisés est réelle. Tous les filtres de nos rapports à l’autre sautent. Ils n’existent plus. En mode « virtuel » on s’autorise tout, les pires horreurs, les mots les plus crades. Le harcèlement est monnaie courante. Les faux profils pullulent, entre maris ou femmes volages, psychopathes, escrocs pour vous soutirer de l’argent ou voler vos data. Les névrosés sont la normes. J’ai eu droit à tout avec mes deux profils, masculin et féminin. Les notions de base de la relation, politesse et gentillesse n’existent plus. Tout a volé en éclats. C’est un immense échos à notre société en souffrance.
Guy Debord en écrivant son livre phare « La société du spectacle » ne pouvait imaginer que cette effarante société de consommation ou nous sommes nous mêmes devenus marchandise entre nos data, le graal suprême pour les entreprises, et nous qui « swipons » avec le doigt de droite à gauche et vice-versa selon la photographie de celui ou celle qui nous plait sans lire la biographie lorsqu’il y en a une.
On match !
On like !
On charme !
On baise !
Le respect, l’égalité entre les hommes et les femmes, la liberté sont fondamentaux et non négociables. Ce n’est pas le cas. Nous n’en sommes qu’aux balbutiements.
La domination masculine de nos sociétés est toujours prégnante et elle s’exprime totalement ou presque sur ces applications.
Les hommes payent pour voir, pour s’exprimer, pour dialoguer, pour plus de mises en relation, pour avoir… pour baiser.
La gratuité pour les femmes est l’argument commercial numéro 1 utilisé, égalité ?
Si tu payes, tu pourras être vu, avoir.
Est-ce cela qui autorise les hommes à traiter les femmes comme des prostituées ? de la chair fraîche qu’ils peuvent consommer après l’achat dans le rayon ?
Photographie de sexe en érection dès le troisième échange, et tellement d’autres messages aux caractères pornographiques immédiat.
Ils peut s’agir d’un jeu de séduction avec parfois un glissement érotique.
Mais personne n’est clair ou presque. Tout n’est que masque entre les envies d’un soir, les curieux, les paumés qui n’arrivent pas à aligner trois mots, les assassins de l’orthographe, et les lovers. Une personne « normale » est un.e extra-terrestre. La normalité n’a plus sa place. On prend la réalité en pleine face. C’est de la chasse.
#JditCaJDitRienMaisJeVeuxPeutEtreMaisPasQue
Au début avec la fille : toi, tu dis au revoir, bonne journée. Elle, non. Il faut que tu montres le côté «hors des conventions relationnelles». Toi tu es l’engin qui découvre la drague sèche. Elle, elle fait son marché.
Il n’y a pas de place pour les timorés, pour ceux qui ne veulent pas participer au game.
Ces applications peuvent permettre de rencontrer des personnes pour une heure, une nuit, ou celui ou celle qui fera battre votre cœur.
Elles ne remplacent pas les rencontres que nous pouvons faire dans la vie. Ce vaste hypermarché est un outil supplémentaire qui nous permet d’étendre notre champ relationnel par des critères affinitaires, un formidable accélérateur et en même temps un monde glauque duquel vous aurez envie de vous extraire.
Tinder* Adopte un mec* Meetic* Happn*
Applications de rencontres très en vogue pour les rencontres.