Gaza : l’armée israélienne bombarde des tentes qui abritent des réfugiés. Silence complice de la communauté internationale

Gaza : l’armée israélienne bombarde des tentes qui abritent des réfugiés. Silence complice de la communauté internationale

Les frappes israéliennes qui ont visé des camps de déplacés dans la bande de Gaza, jeudi 17 avril, tuant au moins 37 civils, dont des enfants « déchiquetés » selon le témoignage d’une survivante, marquent une nouvelle étape dans l’horreur. Pourtant, la communauté internationale, sourde et muette, semble avoir normalisé le massacre. Ce silence complice rappelle les heures les plus sombres de l’humanité, où l’indifférence des nations a permis l’extermination de peuples entiers. Aujourd’hui, comme hier, les puissants détournent le regard.

L’Occident et la mémoire sélective

L’Allemagne, qui a pourtant bâti son identité contemporaine sur le devoir de mémoire et la repentance pour les crimes nazis, finance et arme aujourd’hui Israël sans condition. Comment un pays qui se targue de «plus jamais ça» peut-il soutenir une machine de guerre qui réduit en cendres des familles entières sous des tentes de fortune ? 

La realpolitik l’emporte une fois de plus sur la morale. Les États-Unis, principal bailleur de fonds de l’armée israélienne, continuent de bloquer toute résolution onusienne contraignante, tandis que l’Union européenne se contente de vagues appels à la «modération ».

Les pays arabes, quant à eux, jouent une hypocrisie décomplexée. Après avoir proposé un plan de reconstruction de Gaza – projet qu’ils savaient condamné d’avance par l’intransigeance de Netanyahu et de Trump –, ils se lavent les mains du sang des Palestiniens. L’Arabie saoudite et les Émirats, empêtrés dans leurs alliances stratégiques avec Washington, préfèrent investir dans des mégaprojets touristiques plutôt que de rompre leurs relations avec Israël. La solidarité panarabe n’est plus qu’un slogan creux.

France : entre lâcheté médiatique et calculs politiques

En France, l’information sur Gaza est traitée avec une distance confortable. Les médias mainstream se contentent de relayer les dépêches de l’AFP sans analyse approfondie, évitant soigneusement de qualifier les crimes israéliens de ce qu’ils sont : un nettoyage ethnique. Les rares journalistes qui osent dénoncer cette tragédie, comme ceux ayant manifesté, mercredi 16 avril place de l’Opéra à Paris, pour rendre hommage à leurs 200 confrères palestiniens assassinés, sont cantonnés à des temps de parole minimaux, vite noyés sous le flot de l’actualité people ou des débats politicards.

La classe politique française, elle aussi, fait preuve d’une couardise insondable. La droite et l’extrême droite, obsédées par les dîners du CRIF et la peur de froisser le lobby pro-israélien, ignorent délibérément la déclaration d’Emmanuel Macron sur la reconnaissance d’un État palestinien. Pour de nombreuses personnalités mieux vaut ne pas risquer de perdre une invitation au prochain banquet que de défendre le droit international. Le ridicule et l'hypocrisie sont devenus le trait distinctif de ce camp.

Quant à Macron, ses timides appels au cessez-le-feu ressemblent davantage à une opération de communication qu’à une réelle prise de position. Il sait pourtant ce qui se profile : l’expulsion des survivants de Gaza et l’annexion pure et simple du territoire par Israël, avec la bénédiction de Donald Trump, qui rêve déjà d’y implanter une station balnéaires.

L’humanité sombre dans l’abîme

Les images des tentes en feu à Al-Mawassi, les cris des mères cherchant leurs enfants sous les décombres, les corps mutilés alignés dans des morgues de fortune… Tout cela se déroule en direct, sous nos yeux. Pourtant, le monde semble avoir éteint sa conscience.

« De quelle humanité parlent-ils ? », hurle Israa Aboulrouss, rescapée du camp bombardé. Une question qui restera sans réponse. Car l’humanité, aujourd’hui, c’est celle des bourreaux impunis et des complices silencieux. Celle des chancelleries qui tergiversent, des médias qui minimisent, des peuples qui regardent ailleurs.

Gaza brûle, et l’Histoire jugera.