Abel Arias, l'auteur du livre: "Les Médicis m'ont créé, les Médicis m'ont détruit"

Livres: "La vérité vaincra: les Médicis m'ont créé, les Médicis m'ont détruit" d'Abel Arias

Les Éditions Hugues de Chivré ont  récemment publié un livre étonnant d'Abel Arias, qui n'est pas une énième œuvre sur Léonard de Vinci, mais une vraie recherche  sur ce génie et son temps. Le jeune historien a pris comme point de départ la célèbre phrase du peintre, notée dans ses Carnets (1482-1519) :"Les Médicis m'ont créé, les Médicis m'ont détruit". Ses études ont emmené le talentueux Arias dont le roman nous promène dans des différentes époques avec le brio, à se poser la question : Léonard, est-il le frère cadet de Laurent le Magnifique, le personnage le plus connu de la  famille Médicis qui enlumina la Renaissance et qui inspire les scientifiques et les artistes depuis des siècles? 

Le livre d'Abel Arias est d'abord un roman qui commence à notre époque en suivant les pas d'un jeune Mormon allemand, Jonas Friedebel. Le Prophète de son Église l'initie et l’oblige à retrouver les vraies origines de Caterina, la mère de Léonard de Vinci. Pendant ce temps, à Amboise, Sarah Schweitzer et son éternel fiancé Alessandro Sardelli visitent la dernière demeure du plus célèbre des géants scientifiques et artistiques de la Renaissance. A cet instant, à Salt Lake City, un meurtre commis au sanctuaire mormon oblige l'inspecteur Hank Tommers à rejoindre Florence. Là, un étrange assassin tue selon des rituels très anciens. Pourquoi? Est-il le dernier des hérétiques oubliés des Balkans? Nous avons posé quelques questions à Abel Arias.

-Le titre "La vérité vaincra-Les Médicis m'ont créé, les Médicis m'ont détruit" provoque la curiosité et différentes réactions, en même temps! Comment s'est-il cristallisé?
-Le titre est double. "La Vérité vaincra" est une citation de Jan Hus, ce redoutable religieux tchèque, intransigeant, réformateur. La Vérité est très importante pour les hommes de ce temps-là… Je ne suis pas sûr que cela soit encore le cas... Léonard, lui-même, utilise beaucoup l'expression dans ses Carnets, où on retrouve la fameuse phrase qui complète mon titre "Les Médicis m'ont créé, les Médicis m'ont détruit", de sa main et que personne ou presque n'a voulu saisir au sens propre, les spécialistes évoquant des médecins... Bref, ce titre me parlait beaucoup.

-Léonard de Vinci, génie tant étudié est votre héros, issu de la famille Médicis.  Sa mère Catarina, considéré comme servante, évolue en une noble hérétique, originaire de Bosnie. Comment des Bogomiles, d’une civilisation presque oubliée, vous ont-ils séduit?
-Les Bogomiles m'ont beaucoup intrigués car ils ont été complètement oubliés de ce côté-ci de l'Europe! Quand on pense à la fascination des Français pour les Cathares...Je reviens à Léonard, mais autant ses œuvres et croquis sont universellement connus, autant l'homme lui-même l'est peu. Et tous ces mystères sur sa mère m'ont conduit à penser que peut-être sa mère était Bogomile : civilisation, culture, pas seulement religion, prônant chasteté, modération, etc.

-Votre roman promène le lecteur dans de nombreuses époques. Très habillement, vous romancez l'Histoire tout en restant dans le cadre du possible. C'est le spécialiste du Quattrocento qui montre son savoir, conscient de son pouvoir de manipulation du sujet?
-Je ne sais pas si je manipule... Si c'était le cas me poseriez-vous la question? Plus sérieusement, bien sûr que les spécialistes (je ne sais pas si je peux m'inclure dans cette liste) peuvent manipuler, en tout cas ils affirment tous une objectivité en réalité quasiment impossible à observer. Je veux dire par là qu'à l'image d'un enquêteur, il faut bien une idée de départ à prouver ou déconstruire...

-Une considérable part de l'écriture est consacrée à l'art, surtout à la peinture. Vous détaillez plusieurs toiles connus avec une rare passion et inspiration. Le lecteur reçoit  vrais leçons sur le travail de Léonard. Avez-vous l’intention de nous apprendre une autre appréhension de son immense et unique œuvre? -Pour l'instant, je ne sais pas, tant de choses ont été dites sur Léonard, même mes révélations sur son lien avec les Médicis n'ont pas vraiment traversé les Alpes. Et pour être franc, je viens de commencer un autre ouvrage, mais chut!

-Vous mettez en cause son homosexualité. Selon vous, il doit être « parfait » ou alors ce sont vos recherches qui vous ont permis d'exprimer ce doute?
-En effet, je ne crois pas que Léonard était homosexuel, beaucoup de gens à l'époque vivaient dans la chasteté. Ivan Pateric, originaire de l’ex-Yougoslavie, est un tueur en série et un personnage tragique. Est-il, comme ses ancêtres hérétiques, la véritable victime de la Grande histoire?J'aime beaucoup Ivan, comme vous l'avez bien compris. Oui, il est victime, victime de l'Histoire officielle, celle des gagnants qui efface celle des perdants (Cathares, Bogomiles, Indiens d'Amérique...).

-Votre premier roman est peuplé de Mormons, chercheurs passionnés, femmes insatisfaites ou malheureuses, policiers pommés...Tout ce monde rend  l'écriture attachante et séduisante. Le généalogiste Alessandro Sardelli est à part? Est-il votre double?
-Alessandro mon double? Heureusement que non! J’essaie d'être plus raisonnable que lui dans la vie, heureusement!

-Comment expliquez-vous que "Mona Lisa" et le dernier autoportrait de Léonard aient les mêmes mensurations? S'agit-il d'un hasard, ou d'une assez troublante coïncidence?
-Je ne sais pas du tout pour être sincère, mais cela ne me semble pas du tout un hasard concernant Léonard.

-Qui êtes-vous, Monsieur Arias?
-Je suis timide, donc je vais tâcher d'être bref et discret concernant ma biographie: j'ai une trentaine d'années, je suis historien de formation, et j'ai la chance d'être professeur agrégé. J'ai un enfant et je vis dans le Massif Central car j'aime le vert et le calme de ma région.