Algérie, discours du président de la république: ne tirez pas sur l’ambulance (opinion)
Par N.TPublié le
En Algérie, ils sont nombreux ceux qui en veulent à Bouteflika, c’est évident ! A lire les commentaires au lendemain de son discours mièvre portant réformes et fuite en avant.
A part le RCD (Rassemblement pour la Culture et la Démocratie, opposition) qui évoquera tout de même le pathétique de la scène, celle de la lecture laborieuse d’un discours pour cause de problèmes supposés de santé, le président finissant n’a apparemment pas attendri ses adversaires.
Chacun y va de son analyse jugeant les promesses à la fois insuffisantes et trompeuses. Tombée la coqueluche des années 1999-2000, déjà déchu le génial Abdelaziz Bouteflika, adulé au point que les chanteurs engagés de Kabylie, les intellectuels de gauche, les démocrates, les islamistes, n’ont pas pu cacher leur fascination pour le petit bonhomme prolixe, fantôme mi autoritaire mi papa gâteau revenu du Boumediénisme.
Avec une feinte crédulité on fera semblant de croire à ses projets de réformes de l’Education, de la Justice, de l’Etat… bref du système!
Mais comme le brave intriguant se débarrassera aussi vite de ses promesses que de ses zélateurs, ils seront très nombreux les fossoyeurs du bouteflikisme, aussi nombreux que ses partisans d’antan.
Pour balayer d’un revers de la main ses énièmes prophéties sur l’avènement de la démocratie, les opposants de la dernière heure au régime, des personnes qui veulent se laver les mains, réclament «une constituante sinon rien.»
Vieux slogan du FFS (Front des Forces Socialistes, opposition) fort critiquable en ces temps de disette dans la classe politique du pays. Une pléthore de partis qui ont trop attendu l’ouverture démocratique pour sortir indemne de près de 50 ans de liberté confisquée.
La jeunesse algérienne et même les militants plus mûrs qui ont servi dans les rangs de l’opposition ou des partis du sérail pourraient-ils mandater ces appareils rouillés pour participer à une constituante, faire confiance à des partis qui n’ont jamais su fonder un front unitaire contre la dictature mais ont tout fait, au contraire, pour garder le pouvoir en sa forme comme seul consensus?
Les anti-bouteflika le savent, son départ ne signifiera pas le départ du système parce que les forces politiques structurées qui veulent le précipiter sont justement du système… Alors, pas la peine de s’acharner sur un homme malade qui n’a trompé que ceux qui ont voulu, pour de «bonnes raisons», croire à ses palabres.
En Algérie, les citoyens ne le leur pardonneront pas cette énième lâcheté parce qu’il n’est jamais glorieux de tirer sur l’ambulance.
N. M.