Chronique d’un racisme intolérable devenu ordinaire
Par N.TPublié le
Chronique d’un racisme intolérable devenu ordinaire. Je vous invite par cette chronique à vous rendre tout d’abord à Bagnols sur Cèze.
Si l’on tient l’obtention d’un travail comme une donnée non négligeable dans l’épanouissement d’un tout un chacun, pour Mourad Abadli, l’année 2009 aurait pu être une année heureuse.
Mais… Parce qu’il y a un mais, Mourad Abadli agent administratif à la direction du SDIS du Gard (Service Départemental d’Incendie et de Secours), stagiaire en attente de sa titularisation, se retrouve alors confronté à ce que la réalité donne malheureusement à subir de plus abjecte… Le racisme.
Et depuis 2009, cet agent administratif de surcroît militant politique se doit d’apprécier et de supporter celles des remarques les mieux teintées des plus basses intentions : « Les bougnoules qui font de la politique sont tous les mêmes, on devrait les mettre dans une cale à bateau et les renvoyer. Les couilles molles comme vous il y en a de trop… ».
Plainte a été déposée au commissariat de Nîmes étayée dans son procès-verbal par le témoignage d’un tiers, un collègue de bureau et témoin de l’inacceptable. Celui-ci s’étant risqué à faire remarquer le caractère délictueux de telles déclarations, le voilà éclaboussé de la même manière par un : « Toi, tu te retournes dans ta guitoune » et devra ensuite essuyer une salve nourrie d’insultes.
Si le Colonel Christian Simonet directeur du SDIS mis au fait de la situation a réagi en diligentant une enquête administrative, ce n’est là selon Mourad Abadli « qu’une réaction à minima sans réel but de creuser et chercher profond ! ». Il en est de même du président de cette institution, le conseiller général de Bagnols Alexandre Pissas qui déclarera dans le Midi Libre du samedi 13 décembre : « …Mais il faut pouvoir le prouver. On ne peut condamner sans preuves… ».
La constitution de plainte lestée d’un témoignage ne semble apparemment pas être suffisante pour que le retour à la normal des relations professionnelles puisse être possible ! C’est l’immobilisme qui semblerait finalement au détriment de Mourad Abadli prévaloir.
La rencontre improbable, il y a quinze jours, entre messieurs Pissas et Abadli aurait pu s’apparenter à de simples et cordiales retrouvailles entre un agent et son supérieur hiérarchique mais elle avait aussi le caractère singulier de la rencontre de deux candidats déclarés aux élections départementales sur le même canton !
« Tu vas aller rejoindre tes frères au carré musulman du cimetière de Montfavet »
Et M. Abadli déplore « Le voilà qu’il m’interpelle devant tout le monde et fait mention de mon arrêt maladie. M. Pissas est médecin et ce qu’il a osé dire devant témoins va à l’encontre de la déontologie médicale qui fait du secret la pierre angulaire de sa pratique » et d’ajouter « Je ne laisserai pas cela sans suite et je porterai plainte au Conseil de l’ordre des médecins… Surtout que cela vient s’ajouter à une volonté de m’intimider puisque ma candidature semble gênée au point que la proposition d’une nomination au grade supérieur m’a été proposée si je me désistais et retirais ma candidature à cette élection… ».
Après Bagnols sur Cèze, je vous invite maintenant à Avignon. Dans la cité papale, Abdelhamid travaillant à l’entretien du cimetière St Véran se voit, il y a deux mois, interpeller par M. Gilles Alessandrini conservateur de son état (responsable des cimetières) à la municipalité avignonnaise de la sorte : « Tu vas aller rejoindre tes frères au carré musulman du cimetière de Montfavet ». Étant entendu que le cimetière St Véran n’accueille aucun défunt musulman !
L’agent a déposé plainte et à l’heure où cet article est rédigé en ce jour du 19 mars 2015, il est convoqué par les services municipaux afin de calmer le jeu en retirant sa plainte.
Et quand bien même plaintes seraient retirées. Et quand bien nous revenions à un silence que la chape de plomb institutionnelle et que les intimidations imposent… Tout irait pour le mieux dans le pire des mondes !
Il y a alors lieu de déchirer le voile épais qui recouvre cette difficile réalité. Il y a lieu d’écrire et de dénoncer parce qu’il y a là œuvre salutaire quand l’indignation pointe le constat préoccupant d’un racisme proclamé officiellement intolérable mais que le quotidien a fait chose ordinaire !