Barbarie
Par N.TPublié le
Il est au bout du couloir… de la mort, à quelques heures seulement de son exécution par injection létale, un geste froid qui lui ôtera la vie de façon quasi-instantanée. L'Afro-Américain Troy Davis va être mis à mort à l’aube de sa quarantaine sur le territoire de la plus grande puissance au monde, dans l’Etat de Géorgie.
Le dossier de sa condamnation pour le meurtre d'un policier en 1989 est pourtant vide de toute preuve matérielle, sans même l’arme du crime, avec une accusation fondée sur les seules affirmations de témoins et après le désistement de sept d’entre eux sur neuf.
La défense s’est démenée à travers toutes les voies de recours, jusqu’à obtenir en 2009 que la Cour suprême des Etats-Unis demande un autre procès sur la base des nouveaux éléments d’enquête. Peine perdue, la justice de Géorgie n’a pas changé d’avis pour autant, confirmant un an plus tard son premier verdict.
Le triste sort de Troy Davis a suscité une grande émotion parmi de nombreux citoyens américains et plusieurs réactions au plan international. La Justice de Géorgie est restée de marbre, ne laissant pas percer le moindre doute qui aurait pu stopper la machine infernale et fermant la dernière porte sur le couloir de la mort.
Cette condamnation porte vraisemblablement les traces d’une grande erreur judiciaire qui fera sans doute date dans l’histoire de la Justice américaine. Mais l’affaire donne surtout un nouveau souffle à la lutte contre la peine de mort dans ce pays où quarante six condamnés ont été exécutés en 2010.
Un chiffre en baisse de 12% par rapport à l’année précédente grâce à la mobilisation des associations d’abolitionnistes qui mènent un combat difficile sans relâche dans une démocratie libérale truffée de paradoxes de toute nature, entre gigantisme déroutant, inégalités stupéfiantes, misères incroyables, richesses insolentes, pouvoir sans limite de l’argent roi, gangrène de la violence…et peine de mort encore en vigueur dans une trentaine d’Etats sur cinquante. Peine d’un autre âge, qui porte l’empreinte de la barbarie.