Les nouveaux chiens de garde, de Yannick Kergoat et Gilles Balbastre.

Les nouveaux chiens de garde crèvent l'écran

Les nouveaux chiens de garde. Il y avait le livre, de Serge Halimi (Liber-Raisons d'agir), actuel directeur du Monde Diplomatique. Il y aura maintenant le film porté sur grand écran par Yannick Kergoat et Gilles Balbastre.

Produit par Jacques Kirsner (Jem Productions) et diffusé dans de nombreux coins de l'Hexagone, le documentaire est projeté ce vendredi soir à 21h, au Ciné 102 de Pont-Saint-Esprit, dans le Gard (Languedoc-Roussillon), en présence de Gilles Balbastre.

Rédigé en 1997 à l'issue du vaste mouvement social contre le gouvernement Juppé, qui avait fait l'objet de critiques médiatiques fustigeant massivement le présupposé « archaïsme » des grévistes au profit de la non-moins postulée « modernité » des politiques libérales au pouvoir - des critiques contre lesquelles le sociologues Pierre Bourdieu s'était alors élevé publiquement -, le livre de Serge Halimi, devenu un best-seller vendu à plusieurs dizaines de milliers d'exemplaires, représente depuis l'une des pierres angulaires du mouvement de la critique des médias qu'anime contre vents et marées, la « vitrine universitaire » d'Acrimed.

Voir cet extrait du film Les nouveaux chiens de garde :

15 ans plus tard, le film met en scène de manière aussi drôle qu'efficace ces barons de la presse (sommités du journaliste ou « grands » experts) qui, interchangeables d'une « firme » - ou d'une « marque » - à l'autre, ne parviennent pas à masquer l'essentiel mis en lumière dès la quatrième de couverture du livre de Serge Halimi : « la presse écrite et audiovisuelle est dominée par un journalisme de révérence, par des groupes industriels et financiers, par une pensée de marché, par des réseaux de connivence. Alors, dans un périmètre idéologique minuscule, se multiplient les informations oubliées, les intervenants permanents, les notoriétés indues, les affrontements factices, les services réciproques. Un petit groupe de journalistes omniprésents - et dont le pouvoir est conforté par la loi du silence - impose sa définition de l'information-marchandise à une profession de plus en plus fragilisée par la crainte du chômage. Ces appariteurs de l'ordre sont les nouveaux chiens de garde de notre système économique ».

Ils ont désormais leur film documentaire. Et l'œuvre cinématographique ne manquera pas de secouer les spectateurs de rire, à l'instar des films de Pierre Carles produits par CP Production, dont le fameux Enfin pris ?, dédié à Daniel Schneidermann, alors animateur-vedette de France 5 avec l'émission Arrêt sur images.

« C'est un film qui vous saisit, vous tient fermement du commencement à la fin. Et vous fait terriblement réfléchir », prévient le célèbre réalisateur Costa-Gravas, en guise de préface. François Bayrou, le chef de file du Modem qui a surpris beaucoup de monde, il y a tout juste cinq ans, en dénonçant les collusions politiques, médiatiques et économiques à l’œuvre, sur le plateau de TF1, propriété de Martin Bouygues, voudra certainement le voir - si ce n'est déjà fait -, pour se changer un peu les idées, à quelques encablures de la prochaine élection présidentielle. Comme Jean-Luc Mélenchon (Front de Gauche) ou d'autres candidats à l'élection présidentielle, du reste... Sans parler des lecteurs-électeurs-téléspectateurs ! Le tout pour en débattre, à l'invitation de cette œuvre résolument sardonique...

Voir la bande d'annonce du film Les nouveaux chiens de garde :