Tuerie à Gaza : le Conseil de droits de l’homme de l’ONU se prononce pour l’envoi d’une commission d’enquête
Par N.TPublié le
Frémissement sur la scène internationale à la suite du massacre perpétré par Israël à Gaza, le lundi 14 mai, tuant près de 60 manifestants palestiniens et en blessant 2 500 autres, dont des enfants âgés de moins de 16 ans. Réuni le 18 mai en session extraordinaire, le Conseil des droits de l’homme de l’ONU s’est prononcer pour l’envoi en « urgence d’une commission d’enquête internationale indépendante ».
L’Organisation de la coopération islamique (OCI) et les pays arabes sont à l’origine de cette initiative. Outre ces derniers, quelque 51 pays y apportent leur soutien, dont la Chine, la France, le Brésil, la Suède, la Belgique, l’Irlande, la Suisse, l’Iran, l’Afrique du Sud, le Nigeria, le Mexique, le Portugal ou encore l’Espagne, indique l’AFP.
Les manifestions ne semblaient « pas constituer une menace imminente de mort ou de blessure mortelle pouvant justifier l’usage d’une force meurtrière », déclare le haut-commissaire aux droits de l’homme de l’ONU, Zeid Ra’ad Al Hussein, à l’ouverture de la session. « Les morts (de Palestiniens – NDLR) résultent d’un usage illégal de la force », pointe-t-il. Selon lui, les Palestiniens ont les mêmes droits que les Israéliens mais, « de fait, ils sont retenus captifs dans un taudis de leur naissance à leur mort ». L’occupation doit cesser, « pour faire en sorte que les Palestiniens puissent être libérés, mais aussi pour que le peuple d’Israël en soit libéré. Mettez fin à l’occupation, et la violence et l’insécurité s’estomperont largement », martèle le haut-commissaire.
Sauf à vouloir laisser libre champ au déchaînement du couple Trump-Netanyahou sur le sort, de plus en plus épouvantable, des Palestiniens, l’Union européenne, notamment la France, pourrait jouer un rôle décisif pour inverser le cours des choses.
"Marginalisation des Palestiniens dans des bantoustans"
Et il y a urgence, à voir la stratégie d’occupation déployée par Israël. Au plan géographique, celle-ci crée, à une vitesse remarquable, les conditions d’une suprématie totale de l’État israélien, ne laissant aux Palestiniens que des espaces déshérités, en pointillé, en marge de zones urbaines. Une stratégie des plus sournoises destinée à placer le reste du monde devant un fait accompli.
« La référence à la solution à deux États ne sert plus qu’à donner le change pendant que le processus de prise de contrôle du territoire se poursuit. La logique de la stratégie territoriale israélienne, telle que la montrent les politiques d’aménagement du territoire, c’est la solution à un seul État, Israël, et la marginalisation des Palestiniens dans des bantoustans dont la gestion serait déléguée à l’Autorité palestinienne », explique Philippe Subra (professeur à l’Institut français de géopolitique de l’université Paris-VIII).
« Chaque fois que les armes se sont tues, l’aménagement a pris le relais de l’action militaire ; les bulldozers et les bétonnières, celui des tanks et des avions de chasse. Avec les mêmes objectifs stratégiques : prendre, sans retour en arrière possible, le contrôle du maximum de territoires », précise encore ce spécialiste de l’aménagement du territoire.