Une insécurité effrayante sur fond de chômage et de pauvreté croissante... (Photo: Maja U)

Marseille : descente de ministres dans une ville en détresse

Les ministres de l'Intérieur, Manuel Valls, et de la Justice, Christiane Taubira, ont fait vendredi 21 septembre le déplacement à Marseille, sonnant le tocsin de la "mobilisation générale" et du "retour" de l'Etat pour lutter contre une insécurité effrayante sur fond de chômage massif et de pauvreté croissante.

Manuel Valls a installé le nouveau préfet de police des Bouches-du-Rhône, Jean-Paul Bonnetain, 62 ans.

"Un homme de terrain, pragmatique, fin connaisseur des questions de sécurité, qui a toutes les compétences et qualités pour relever une mission difficile qui le passionne déjà", a déclaré le ministre de l'Intérieur.

«Je ne veux pas m'enfermer dans un calendrier, mais je veux des résultats. Pas des chiffres. Cela prendra du temps. Je n'ai pas dit à M. Bonnetain : 'Si vous n'avez pas de résultats dans six mois, on vous change», a-t-il ajouté.

Le préfet a pour consigne prioritaire la sécurisation du centre-ville et la mise en place rapide «de la zone de sécurité prioritaire des quartiers nord et Gardanne»

«Marseille est blessée dans sa chair et abîmée dans son image (...). La situation, insupportable pour les Marseillais et intolérable pour notre pays, appelait une mobilisation générale», a affirmé M. Valls dans la cour de l'hôtel de police, en présence de nombreux élus, forces de sécurité et magistrats

Un terrible bilan…

Christiane Taubira est allée pour sa part au contact du terrain, à la rencontre d’acteurs sociaux, de lycéens et d’enseignants des quartiers nord de la ville.

«Nous n'allons pas capituler, il faut que ça s'installe dans les têtes que l'Etat ne s'en va pas, que l'Etat est revenu» a-t-elle dit à la mairie des 15e et 16e arrondissements, en présence de la sénatrice-maire PS, Samia Ghali, qui avait souhaité l’intervention de l’armée, déclenchant la mobilisation du gouvernement et la mise en place d’un plan d’actions pour Marseille.

Selon elle, il y a urgence à écouter les responsables associatifs qui dressent "un terrible bilan" de la situation, marqué par la «désertion des services publics», les problèmes «dramatiques» de logements, un climat de peur.

«On fait à la gauche de faux procès, elle a toujours eu de bons bilans en matière de sécurité», a-t-elle déclaré. «Mais nous ne détournons pas les yeux des difficultés sociales», a ajouté la ministre.

Au chapitre des mesures figure un renforcement d'effectifs dans la police et la gendarmerie (205 hommes) la mise en place d'une nouvelle stratégie, basée sur le renseignement, et une coopération étroite entre forces de l'ordre et magistrats.