les raids israéliens ont fait des victimes parmi les enfants (Photo: Xinhua)

Pour la paix

A quelque chose, malheur est bon. Le double attentat de jeudi 18 août qui a fait huit morts parmi les Israéliens est en quelque sorte tombé à point nommé pour Benjamin Nétanyahou. Jusque-là confronté à une contestation sociale croissante qui le mettait au défi de prendre des mesures concrètes, ce dernier s'est empressé de saisir la perche tendue par les extrémistes de l'autre camp et la parole est vite revenue aux armes, tandis que le processus de paix s'enlise de plus belle.
Tsahal a déclenché un déluge de feu sur Gaza en riposte à la fusillade ciblant comme d'habitude des quartiers populaires et multipliant le nombre de victimes sur le territoire palestinien. La loi du Talion! L'escalade semble ainsi à nouveau au programme, qui pourrait déboucher sur une nouvelle offensive meurtrière sur Gaza, comparable à celle de 2009, si l'on en croit les propos de certains officiels israéliens.
Du coup, les «indignés» Israéliens ont déserté la rue ce week-end du 20 août, mettant un bémol à la contestation qui prenait racine à travers tout le territoire, levée de boucliers inédite contre une politique ultra-libérale qui se nourrit d'injustices sociales. L'irruption de ce mouvement au cœur de la démocratie que se targue d'instaurer et de préserver l'Etat Hébreu a fait l'effet d'un gros pavé dans la marre, prenant de court le gouvernement Nétanyahou. La grande erreur serait de l'enfermer dans une parenthèse qui pousserait inévitablement à la démobilisation, pain béni pour le gouvernement Israélien qui brandirait à nouveau et sans peine l'argument sécuritaire pour maintenir l'ordre économique et social établi. La réussite historique serait en revanche que le mouvement reprenne au plus vite en intégrant cette fois, et pleinement, la question de la paix, aux côté des autres revendications, exigeant de l'Etat Hébreu qu'il s'inscrire enfin dans cette logique.
Entre le coût du logement, la cherté de la vie et le fossé qui se creuse entre les nantis et les laissés-pour-compte, de plus en plus nombreux, dans la société Israélienne, le mouvement des Indignés se doit d'appeler, pour mériter vraiment son nom, à la lever du blocus de Gaza, à l'arrêt de la colonisation en territoire occupés et à l'ouverture immédiate de négociations pour la coexistence pacifique de deux États, côte à côte.
Les «indignés» israéliens, et notamment les jeunes, ont tout intérêt à ce que leur pays amorce enfin un tel tournant fondé sur des bases saines et justes à même de convaincre la grande majorité des palestiniens et de couper l'herbe sous les pieds aux mouvements intégristes qui gravitent autour du Hamas, résolument engagés à leur tour dans cette même logique de guerre sans issue.
Les «Indignés» Israéliens se doivent de provoquer ce vaste mouvement de rupture, pour la paix.