Marseille : les écrans d'Aflam présentent la vivacité des cinémas arabes
Par N.TPublié le
Avec la programmation de son nouveau cycle « Les Ecrans d’Aflam », l’association Aflam (diffusion des cinémas arabes) à Marseille offre une fois encore un éclairage au plus près des réalités de la scène cinématographique de chacun des pays arabes et nous permet de saisir la richesse et la variété des productions réalisées dans ces pays, en particulier celle des jeunes générations.
Depuis février 2012, la Maison de la Région, au cœur de la célèbre avenue de la Canebière à Marseille, accueille ce cycle un jour par mois.
Parti pris de cette nouvelle programmation : deux horaires de projection, à 14h et 18h30, ouvertes gratuitement à tous les publics, afin de faciliter la rencontre par le biais de groupes constitués et souvent accompagnés, mais aussi dans le cadre de dispositifs plus larges ouverts à tous.
Des œuvres récentes, documentaires ou fictions, sont projetées en version originale sous-titrées, et sont suivies, quand cela est possible, d’une rencontre avec les réalisateurs.
Après un hommage à la révolution égyptienne, la deuxième séance était dédiée aux révolutions syrienne et tunisienne, ce jeudi 19 avril. La séquence « Jeunes regards sur l’Algérie » présentait quatre courts-métrages réalisés entre 2009 et 2011 dans le pays par de jeunes cinéastes.
Deux des courts métrages ont pu voir le jour grâce à l’atelier documentaire « Bejaia Doc » et le troisième grâce au dynamisme de la jeune boite de production algérienne, Thala Films, qui a initié la création de 5 films autour du thème « Demain, Alger ? ». Le dernier, second film du réalisateur Nazim Djemaï, est déjà une valeur sûre du nouveau paysage cinématographique de son pays, puisque sa première réalisation « Nawna » (Je ne sais pas…) sur la création du gouvernement autonome Inuit, a obtenu en 2007 le Prix de la compétition nationale Georges de Beauregard au Festival International de Documentaire de Marseille.
Les émeutes qui ont secoué l'Algérie
Ces quatre court-métrages ouvrent notre regard sur la diversité des approches sensibles avec une variété des langues (entre berbère, arabe et français), des formats (durée et approche fictive ou documentaire) et des choix de narrations très divers.
Amin Sidi-Boumediène situe son film « Demain, Alger ? », la veille du 5 octobre 1988, journée des émeutes qui ont secoué l’Algérie et modifié son paysage social, culturel, économique et politique. « J’ai habité l’absence deux fois », de Drifa Mezzener, explore de manière subtile la douleur de l’absence et des exils intérieurs et extérieurs en parcourant ces vingt dernières années dans l’histoire de sa famille, celle de son quartier de Kouba (qui a connu les affres de la décennie noire) et de son frère Soufiane ayant quitté le pays pour l’Angleterre en 1992.
« Uzzu » (mimosa en kabyle) de Sonia Ahnou nous emmène sous le pied de l’arbre pour écouter et regarder de jeunes étudiants nous parler de l’expérience de l’amour et de son expression dans la société et dans leur intimité.
« La parade de Taos », de Nazim Djemaï, est d’un objet de silence et de poésie qui nous emporte dans les pas de Taos, cette très belle femme qui vient à la rencontre de son amoureux quotidiennement au Jardin Zoologique d’Alger. Des images douces, des moments à ressentir, du « montré » et du « à imaginer ». Une photographie sublime en noir et blanc.
Ces quatre propositions nous permettent d’approcher l’actualité de l’Algérie. L'un de ses réalisateurs présents ce jeudi à Marseille, Amin Sidi-Boumediène, rappelle que « ce sont quatre films qui sont différents comme le sont les Algériens » : « ce sont indéniablement des films algériens », insiste l'auteur.
Les prochains « Ecrans d’Aflam » seront :
Le 10 mai, avec la projection du documentaire « Made in Egypt », de Karim Goury.
Le 14 juin, autour de « Fragments d’une Palestine perdue » de Norma Marcos.
En savoir plus : www.aflam.fr