Les enfants, victimes de la pauvreté en Égypte ?
Par MeyePublié le
La pauvreté en Égypte ne leur laisse pas le choix, des centaines de milliers d’enfants sont contraints de travailler, et parfois dans des conditions épouvantables.
Dans les rues du Caire, ils sont nombreux à être à l’oeuvre. Parfois, pieds nus et vêtements sales, les mômes se faufilent entre les voitures, paquets de mouchoirs et journaux à la main. Leur objectif ? Proposer leurs marchandises à tous les conducteurs. On les trouve aussi quelques fois sur le bord de la route en train de vendre des sachets d’orange sous un soleil cuisant.
Aujourd’hui, l’Égypte recense -officiellement- près de 17 millions d’enfants, 9,3 % d’entre eux sont contraints à travailler. La plupart du temps, ces bambins mettent la main à la pâte afin de subvenir aux besoins de leurs parents. Généralement, car le salaire que ramène le père ne suffit pas à nourrir toute la famille. Et souvent, ils exercent un métier à risque dans les mines, la construction ou dans l’industrie. Mais, la majorité se concentre dans le secteur de l’agriculture. Un domaine jugé dangereux et inadapté à leur jeune âge.
Selon Rim Al-Cherbini, coordinatrice nationale au sein de l’Organisation Internationale du Travail (OIT), 1,6 million y travaille. Elle alerte sur les conséquences de ce type d’activité dans une interview accordée au journal étatique Al-Ahram : « Les enfants qui travaillent dans ce domaine commencent à 5 ans et ils doivent y être le matin, ce qui les empêche d’aller à l’école. Ce genre de job ne leur permet pas d’acquérir les compétences nécessaires pour exercer à l’avenir des métiers convenables. D’autant plus qu’ils encourent de multiples risques. Ils manipulent à longueur de journée des outils dangereux, des produits chimiques et sont constamment exposés aux morsures d’insecte… »
La pauvreté, un fléau…
La cause principale de ce phénomène est sans aucun doute la misère. Selon les chiffres officiels, 28 % des Égyptiens vivent sous le seuil de pauvreté. Ce dernier est établi à 500 LE (monnaie locale) par mois soit l’équivalent de 25 euros. Comment vivre avec un tel montant quand l’inflation varie de 33 à 40 % ?
D’autres facteurs peuvent également l’expliquer comme le détaille Rim Al-Cherbini : « La dégradation du niveau de l’éducation et la situation économique désastreuse sont des raisons parmi tant d’autres. Si l’État est apte à assurer une éducation gratuite de qualité, les familles hésiteront à faire sortir leurs progénitures des écoles. D’après nos recherches, nous avons constaté que la plupart de ceux qui sont à l’oeuvre dans les régions rurales n’ont pas de structures éducatives proche de leurs maisons. Là, c’est au gouvernement de bâtir des établissements scolaires suffisants dans tous les gouvernorats. »
Une lueur d’espoir
L’État explore différentes pistes de solutions afin d’endiguer ce problème. La coordinatrice nationale au sein de l’Organisation Internationale du Travail (OIT) explique : « Nous travaillons avec les ministères de la Main-d’oeuvre et de la Solidarité sociale. Il existe beaucoup de programmes nationaux luttant contre le travail des enfants, comme Solidarité et dignité, qui fournit un salaire mensuel à des familles pauvres qui ont refusé de retirer leurs enfants de l’école. Le gouvernement a financé ce projet à 80 %, et le reste l’a été par la Banque mondiale. »
L’Égypte a ratifié en 1990 la Convention Internationale des Droits de l’Enfant (premier texte international concernant la protection des Droits de l’Enfant) . En 2003, l’âge minimal a été fixé à 15 ans. La loi stipule également qu’ils peuvent travailler à raison de 6 heures maximum par jour et avoir un week-end obligatoire.