De Bagdad à Manchester, une seule et même guerre…

Le sang de l’innocence a coulé de nouveau, dans la ville britannique de Manchester cette fois. L’horreur avait un visage de jeune homme, la mort autour de la taille. Il lui suffit d’un geste pour la répandre et faire plus d’une vingtaine de victimes et une cinquantaine de blessés, dont de nombreux enfants. Le kamikaze avait la bénédiction de l’Etat islamique. Il était promis par ses commanditaires au paradis, territoire des houris qui promènent au bord de fleuves de miel…

Combien sont-ils encore embusqués quelque part dans les capitales européennes, prêts à se transformer ainsi en bombe humaine sur ordre ou par inspiration ? Ils pullulent, à n’en point douter, à Londres, comme à Paris, sûrement bien plus qu’ailleurs.

Fous de Dieu et autres prêcheurs de haine ont, depuis longtemps, le champ libre en Grande-Bretagne, à l'ombre du communautarisme, au nom de la tolérance et des libertés individuelles. Ils ont eu largement le temps de faire des petits.

Belle aubaine que l’exclusion sociale, en France, de générations d’immigrés. Les «radicalisés», ou en voie de l’être, ont tranquillement été cueillis sur les terreaux de misère, dans les ghettos de banlieues, par les mêmes prédicateurs, fossoyeurs de l’islam devenu arme de destruction massive.

A Londres, à Paris, à Bruxelles, à Berlin, ces suspects débordent à présent de tous les fichiers de surveillance. Ils donnent du fil à retordre à tous les limiers, défient tous les niveaux d’alerte, tous les dispositifs de vigilance. Et les revers subis par l’Etat islamique résonnent comme un appel au réveil de toutes les cellules dormantes.

Cette guerre sournoise n’est pas près de s’achever. Et pour cause, elle est, qu’on le veuille ou non, indissociable de celle qui a fait plus d’un million de morts en Irak, depuis le début des années 2000, des centaines de milliers d’autres en Afghanistan, au Pakistan ; de celle qui ravage la Syrie et de celle qui a fait implosé la Libye, territoire en fragment.

C’est cette même guerre que continuent à nourrir les errements géopolitiques des capitales occidentales dans des rivalités d’influences désastreuses. Nul doute que l’Etat islamique y trouvera encore de quoi reconstituer sa puissance meurtrière, en remobilisant à nouveau des hordes de fidèles à transformer en tueurs.

Une seule et même guerre donc, qui décime des millions d’innocents, de Bagdad à Manchester, de Palmyre à Bruxelles, de Damas à Paris… Une guerre qui pourrait désormais connaître un nouveau cycle à l’initiative de Donald Trump.

Le président américain surfe sur le déchirement entre sunnites et chiites. Il conclut des contrats d’armement colossaux avec l’Arabie Saoudite, dictature obscurantiste qu’il dédouane de toute responsabilité dans l’expansion de l’Etat islamique.

Il tient un discours satanique sur l’Iran, désigné comme seul et unique ennemi de tous dans la région, lance des appels à la haine, conforte les dictateurs arabes dans leur attitude, encense Israël et lui confirme un soutien inconditionnel, se fend de propos vaseux sur la question de la paix, brasse du vent, et manifeste surtout une indifférence cruelle à l’égard des prisonniers palestiniens qui se meurent dans une interminable grève de la faim, sous les yeux de leurs geôliers.

Donald Trump poursuit ainsi, sans surprise, le travail des apprentis sorciers qui ont mis le feu au Moyen-Orient, de tous ces assassins de l’ombre qui manœuvrent dans les coulisses des scènes diplomatiques, depuis des decennies.

Une chose est sûre : si diable et enfer il y a, ils se trouvent en ce bas monde.