Le long retour de Jean-François Garcia à la case Justice !
Par nicolas éthèvePublié le
Incarcéré durant 7 mois en détention provisoire à la prison de Villeneuve-lès-Maguelone, puis assigné à résidence durant 14 mois, Jean-François Garcia qui n'a toujours pas été définitivement jugé, dénonce dans son livre ''De la Justice... à l'Injustice'', une erreur judiciaire rappelant les errements d'Outreau, 10 ans après...
Ancien détective privé, Jean-François Garcia est aujourd'hui l'auteur d'un témoignage poignant publié aux éditions Ed2A. Dans son livre intitulé, ''De la Justice... à l'Injustice'', Jean-François Garcia raconte comment à partir d'un banal différend civil et d'une enquête aussi bâclée que partiale, ce Mirevalais de 56 ans s'est retrouvé incarcéré durant 7 longs mois en détention provisoire, à la prison de Villeneuve-lès-Maguelone.
Tout a commencé en 2009, quand Jean-François Garcia, qui s'est reconverti dans le bâtiment, rencontre Petitjean, un chef d'entreprise auquel il décide de sous-traiter des travaux d'électricité, son prestataire habituel étant en convalescence. Petitjean, c'est un pseudonyme : tous les noms des personnes incriminés sous sa plume, notamment lors de son séjour en prison, ont été changés, même si ses « ennemis » auxquels il dédicace aussi cet ouvrage, « se reconnaîtront », écrit-il en préface...
« Je vais te faire casquer »
Quelques mois plus tard, Jean-François Garcia ne peut que constater qu'''il aurait mieux fait de se casser une jambe'', comme le dit le dicton populaire, le jour où il a sollicité les services de ce PetitJean au hasard d'une annonce postée sur le net : les travaux réalisés ne sont pas aux normes et il faut tout recommencer, pour un montant supplémentaire de 60 000 euros. La situation va définitivement se déliter le jour où Leblond, l'un des employés de Petitjean, va s'emporter contre Jean-François Garcia qui refuse de lui servir un verre, vu son état d'ébriété avancée, en lui lançant cette phrase assassine : « je vais te faire casquer ».
Dans la foulée, Petitjean quitte le logement que Jean-François Garcia avait eu l'amabilité de lui allouer, le temps de leur chantier, en dérobant quatre de ses climatiseurs. Puis, Petitjean et ses trois salariés, dont Leblond, connu pour son petit parcours de délinquant et de toxicomane, saisissent le tribunal des prud'hommes pour demander des indemnités pour licenciement abusif. Ce qui aura comme premier effet de légitimer le vol des climatiseurs, sur lequel, durant de longues années, la police n'a jamais enquêté. En dépit de la plainte déposée en bonne et due forme par Jean-François Garcia et le résultat de ses enquêtes personnelles qui lui ont permis de retrouver deux des quatre climatiseurs sur une enseigne de... Petitjean.
Ce n'est que le début du calvaire de Jean-François Garcia. Petitjean et Leblond harcèlent téléphoniquement tous les membres de la famille Garcia, jours et nuits. Jean-François Garcia s'en plaint auprès de la police, mais rien n'y fait : les appels, les menaces et les provocations se poursuivent au rythme du supplice de la goutte, jusqu'à ce que Jean-François Garcia ne sombre dans le traquenard des insultes et des menaces. En allant jusqu'à répondre à un rendez-vous défiant lancé par Leblond sur l'avenue Georges Clémenceau, à Montpellier.
Pris dans l'étau
Le piège se referme : le 18 février 2011, Jean-François Garcia est incarcéré à la prison de Villeneuve-lès-Maguelone, au motif qu'il a téléphoné et adressé des SMS à ses ennemis, seuls leurs portables ayant bénéficié des analyses techniques, contrairement au téléphone des Garcia. Après ses 7 mois de tôle, Jean-François Garcia passera encore 14 mois assignés à résidence, dans sa maison familiale de Mireval. Et aujourd'hui, la procédure pénale se poursuit. Même si Petitjean et Leblond ont été déboutés de leurs demandes par le Conseil des Prud’hommes et condamnés financièrement, les deux autres salariés de Petitjean s'étant pour leur part rétractés de cette procédure, avant de verser au dossier de Jean-François Garcia un témoignage sincère sur toute cette affaire. Une affaire qui sera jugée sur le fond, dans tous ses aspects, en septembre prochain, l'audience prévue hier sur les seuls faits de harcèlement reprochés à Jean-François Garcia ayant été repoussée à septembre, dans l'attente de deux éléments : les conclusions de l'IGPN, que l'ancien détective a saisi sur cette affaire, et le résultat de l'enquête sur les deux climatiseurs retrouvés. Le tout fait gravement écho à l'erreur judiciaire d'Outreau, comme le dit le principal intéressé lui-même :
« Bordel de merde et tout le cinéma... » Jean-François Garcia a longtemps répété cette phrase dans sa tête en versant des larmes légitimement rageuses, avant de l'écrire dans son livre... Il a aujourd'hui le sourire, après avoir raconté toute cette histoire. Impatient de laver son honneur et celui de sa famille en retournant définitivement à la case Justice, Jean-François Garcia est aussi déterminé à aller jusqu'à la Cour européenne des droits de l'homme pour faire reconnaître la gravité de l'erreur d'un système judiciaire français qui l'a privé, lui et les siens, de nombreuses années de sérénité. Au mépris de la présomption d'innocence...