"Cet engrenage ne fait que commencer et les agents municipaux finiront un jour avec des armes à feu..." (DR)

Marseille: le port de flash-balls et de Taser par les policiers municipaux ne fait pas l'unanimité

Le 9 juillet dernier, la mairie de Marseille a autorisé le port de flash-balls et de Taser pour assurer la sécurité de la ville, où les règlements de compte se succèdent. L'élu communiste Frédéric Dutoit, membre du conseil municipal, explique au nouvelobs.com pourquoi il y est fermement opposé.

_. Jean-Claude Gaudin, maire de Marseille (UMP), a toujours refusé que les policiers municipaux soient armés. En acceptant de les munir de flash-balls et de Taser, aurait-il subitement changé d’avis ? Il a simplement cédé à la pression de sa majorité.

Cela fait déjà plusieurs années que la ville s’est engagée dans une politique sécuritaire à outrance, notamment avec la vidéosurveillance, dont l’extension a été votée l’année dernière. Le maire appelle ça de la "vidéo-protection", mais ça ne protège rien du tout. Parmi les 100 policiers municipaux embauchés récemment, certains sont dorénavant chargés de surveiller ces caméras, mais en parallèle, les effectifs de la police nationale ne cessent de diminuer.

_. Et pourquoi pas des armes à feu ?

De toute façon, c’est simple : depuis que Nicolas Sarkozy a été ministre de l’Intérieur, puis président de la République, la police nationale s'est complètement désengagée à Marseille. Et cela ne semble pas s’arranger avec la nouvelle majorité.

_. Quelle conclusion en tirer, si ce n’est la volonté d’un transfert des compétences de l’État vers la ville ?

Pour moi, cet engrenage ne fait que commencer et les agents municipaux finiront un jour avec des armes à feu. Or, ces derniers ne doivent pas avoir à gérer la sécurité, mais simplement veiller à faire respecter les arrêtés de la commune. Il ne faut pas confondre les rôles de chacun.

Aussi, je propose à François Hollande et au ministre de l’Intérieur d’engager une réflexion sérieuse à ce sujet : le problème de sécurité doit être géré par la police nationale, au niveau de l’État.

Ce n'est pas à la ville de gérer la sécurité

Nous sommes aujourd’hui engagés dans une spirale mortifère qui ne fera qu’accroître l’insécurité.

Nous prenons le problème par le mauvais bout : non seulement la répression ne sert à rien sans prévention, mais celle-ci mettra également en danger l’ensemble de nos policiers municipaux. Dorénavant identifiés par les délinquants comme étant armés, ces derniers peuvent devenir les cibles de potentielles agressions.

Sans compter le rôle de la municipalité au moindre problème. Nous allons bientôt nous retrouver dans une situation où le maire de Marseille sera le seul garant de la sécurité, mais la ville n’aura pas les moyens, ni humains, ni financiers, d’assumer une telle responsabilité.

S’il continue dans cette voie, Jean-Claude Gaudin va en prendre plein la figure : je lui souhaite bien du courage !