Guerre chimique en Syrie, le récit accablant d’un journaliste du Monde
Par jcsPublié le
Jean-Philippe Rémy, envoyé spécial en Syrie du journal Le Monde, relate aujourd’hui des scènes effroyables du conflit syrien. Enfants, adolescents, combattants, ou civils, tous sont atteints par une guerre atroce, où l’utilisation d’armes chimiques ne fait désormais plus aucun doute.
Le long récit de Jean-Philippe Rémy donne froid dans le dos. Il décrit tout d’abord comment le régime de Bachar al-Assad a recours aux armes chimiques pour lutter contre les rebelles de l’Armée Syrienne Libre (ASL).
Les attaques chimiques qu’il relate ont lieu essentiellement à Jobar, un quartier au cœur même de Damas, où l’ASL a ses positions les plus avancées. A quelques centaines de mètres d’habitations de civils, des bombes chimiques explosent, sans même que les combattants puissent vraiment s’en rendre compte. Tout au moins au début.
Les armes chimiques ne produisent ni odeur, ni fumée. Tous juste un léger bruit, comme un craquement de métal, auquel personne ne prêtait attention, dans la confusion des combats. Comme “une canette de Pepsi qui tomberait par terre”, explique l’un des commandants de la brigade rebelle dans ce secteur.
Là, les attaques de ce type ont eu lieu à partir de début avril. Ailleurs, sur d’autres fronts, à Homs ou près d’Alep, leur utilisation est plus ancienne. Pour ajouter à la confusion, le régime syrien accuse les rebelles de recourir aux armes chimiques, ce que confirmait dernièrement une mission de l’ONU. Mais ces affirmations avaient été contestées.
Les hôpitaux ne peuvent plus faire face
Le reportage du Monde démontre clairement que le pouvoir syrien y a recours, sans le moindre doute. Les effets des armes chimiques sont incontestables. Les gaz employés se répandent et provoquent des ravages.
Vomissements, douleurs aux yeux, à la gorge, maux de tête, difficultés respiratoires, tels sont les premiers symptômes d’un bombardement chimique. Un photographe du Monde en sera lui-même atteint pendant quatre jours suite à une attaque.
Les gaz utilisés sont bien plus violents que de simples gaz lacrymogènes. Le sarin, en particulier, serait l’un des plus répandus. Pour se protéger, les rebelles se couvrent de masques à gaz et s’injectent des seringues de produits qui détournent l’effet des gaz.
Mais ces médicaments deviennent de plus en plus rares. C’est encore ce que décrit le reportage du Monde. Dans la plupart des hôpitaux où se sont rendus les envoyés spéciaux du quotidien, les médecins avaient eu à soigner des civils ou des rebelles, victimes d’armes chimiques.
Et dans les hôpitaux du pays, l’activité est telle que les médecins ne peuvent plus suivre. Outre les attaques chimiques, ils doivent sans cesse tenter de soigner les victimes du conflit, qui sont parfois des enfants. Le reportage se conclut sur cette scène atroce, où des enfants, aux corps déchiquetés par des obus, ne sont pris en charge par l’hôpital que pour pour les soins d’urgence.
Puis ils doivent quitter les lieux, sans grand espoir de survie, arrachant ces mots terribles à un médecin : "Ça, vous voyez, c'est tous les jours, et pour nous, c'est encore plus grave que les attaques chimiques : on en est arrivés là".
Le reportage complet, intitulé “Guerre chimique en Syrie”, et signé Jean-Philippe Rémy est à lire sur le site du Monde.
La vidéo qui l’accompagne, signée Laurent Van der Stockt, est à consulter ci-dessous.