Syrie: les civils sortent enfin de l’enfer d'Alep-Est
Par N.TPublié le
Les civils piégés dans l’enfer de la guerre ont été évacués d’Alep-Est suite à des tractations entre la Russie et la Turquie soutien de groupes islamistes armés. Le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté à l’unanimité l’envoie d’observateurs pour superviser les opérations.
L’ONU sort enfin de l’ombre pour se faire quelque peu entendre sur le dénouement de l’épisode de guerre qui déchire la ville syrienne d’Alep. « Le Conseil de sécurité des Nations unies a demandé lundi 19 décembre à l'unanimité à ce que des observateurs de l'Onu et d'autres organisations puissent superviser l'évacuation du dernier secteur rebelle d’Alep et garantir la sécurité des civils dans la grande ville du nord de la Syrie », rapporte l’agence Reurters. Reste à s’assurer que le régime syrien autorisera l’accès des humanitaires, précise-t-on toutefois.
Le Conseil de sécurité s’est prononcé sur un projet de résolution rédigé par la France et âprement négocié avec la Russie. L’Elysée s’est sans surprise immédiatement félicité de l’aboutissement de cette initiative. Ce texte « reprend les exigences que les acteurs humanitaires ont demandé à la France de porter auprès de ses partenaires: évacuation des civils dans la sécurité et la dignité, sous la surveillance et la coordination des Nations unies; libre accès donné aux Nations unies pour porter l'assistance humanitaire et médicale nécessaire aux populations; protection des installations et personnels médicaux dans l'ensemble du pays », s’est satisfait le président François Hollande.
Plus de 5000 personnes ont été évacuées lundi 19 décembre en attendant ce vote de l’ONU. L’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH, basé à Londres) estime qu’au moins 14000 personnes, dont 4000 "insurgés", ont pu emprunté les bus depuis le début des évacuations jeudi 15 décembre. Les travailleurs humanitaires et les médecins volontaires ont rapporté le calvaire vécu par ces familles lors des opérations d’évacuation. Ces gens « avaient dû attendre plus de 16 heures » à un check-point du régime sans pouvoir sortir des véhicules, décrit l’un d’eux, cité par l’AFP. « Ils n'avaient pas mangé, n'avaient rien à boire, les enfants avaient pris froid et ils n'avaient pas même pu aller aux toilettes ».
Le terrible sort des civils piégés dans l’enfer de la guerre n’en restait pas moins lié aux divergences entre groupes islamistes armés à de leurs interventions meurtrières pour empêcher les départs. Plusieurs autocars ont été attaqués et incendiés dimanche 18 décembre par des hommes armés scandant « Dieu est le plus grand ! » et brandissant leurs armes devant les véhicules en flammes, selon une vidéo mise en ligne, a rapporté l’agence Reurters. Des incidents qui ont failli faire capoter les accords difficilement conclus entre la Russie et la Turquie soutien de certains groupes « d’insurgés ».
Cette résolution « doit également ouvrir la voie au cessez-le-feu et à la négociation de la solution politique qui sont tant attendus par le peuple syrien et l'ensemble de la communauté internationale », a déclaré par ailleurs le président Hollande. La diplomatie française qui s’est distinguée par son incohérence dans le dossier syrien, allant jusqu’à soutenir militairement l’organisation Djabhet al-Nosra filiale allié d’Al Qaida, prend ainsi le train en marche. L’Elysée admet implicitement que la reconquête d’Alep est une avancée. Reste à reconnaître qu’il revient aux seuls syriens de se prononcer sur l’avenir de leur pays, hors des tractations entre les puissances occidentales et les acteurs régionaux.