Photo archives (CGT)

Marseille : les syndicats craignent « un coup mortel » porté à l’industrie pétrochimique

La mise en redressement judiciaire du groupe chimique Keme One met en péril près de 700 emplois sur les sites pétrochimiques de Fos et de Lavéra, et fait peser une menace sur toute la filière.

Huit mois après sa création, le groupe chimique Keme One a confirmé mardi 26 mars, lors du Comité central d’entreprise extraordinaire (CCE), le dépôt d'une demande de procédure de redressement judiciaire, annonçant qu’il devrait se déclarer en cessation de paiement dès mercredi 27 mars.

Kem One est né de la cession en 2012 des activités vinyliques du chimiste Arkema au financier américain Gary Klesch. Il emploie 1.800 personnes en France, réparties sur plusieurs sites de la région lyonnaise et de Provence-Alpes Côte d’Azur (PACA).

« Les pertes accumulées par Kem One sont tellement abyssales que la cessation de paiement est devenue inévitable », explique, Grégory Benedetti, délégué central du syndicat Force Ouvrière.

L'entreprise accuse un déficit cumulé de 125 millions d'euros, selon les syndicats ainsi qu’un niveau d’endettement important auprès des fournisseurs, dont 4 millions d’euros auprès d’Electricité et Gaz de France (EDF) et 300.000 euros auprès du groupe Naphtachimie.

Kem One est le principal client de cette usine, qui produit de l'éthylène. Les conséquences de sa faillite peuvent effet être fatales sur toute la filière, notamment la sous-traitance.

35000 emplois menacés...

Selon le syndicaliste FO, « Dans les seules Bouches-du-Rhône, ça peut aller de 17 000 à 35 000 emplois supprimés. »

 « Avec Kem One, c'est un coup mortel porté à notre industrie. Si le maillon Kem One venait à péter, c'est toute la chaîne qui serait détruite. Sans parler des conséquences sur tout le territoire. Le premier drame, c'est la menace sur l'emploi. Mais si on pousse le bouchon plus loin, quel sera l'avenir de nos villes qui vivent aussi grâce aux travailleurs?" s’interroge de son côté Marc Sarde, secrétaire général CGT d'Ineos, une entreprise du secteur.

"Arkema a payé un homme de main ( Gary Klesch, ndlr) pour faire le sale travail, organiser le plan social qu'ils n'ont jamais eu le courage de faire, pour découper la boutique", accuse Franck Zarbo, coordinateur syndical de Force ouvrière Kem One.

Le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, a réagi à cette situation.

Une mission d'information...

« Nous sommes évidemment extrêmement préoccupés par le dossier Kem One, qui donne des signes de fragilité extrême », a-t-il déclaré à la presse. « Nous avons appelé l'actionnaire repreneur, M. Klesch, à prendre ses responsabilités et assurer les engagements qu'il avait lui-même pris », a-t-il ajouté.

Le ministre a notamment souligné que Kem One opère dans « un secteur qui fonctionne dans un système complexe où il y a des interdépendances avec d'autres industries ».

Le député-maire Front de gauche de Martigues, Gaby Charroux, devait demandé mardi 26 mars au président de l'Assemblée nationale l'ouverture "d'une mission d'information afin de mettre au clair les responsabilités de chacun dans cette opération de vente vouée dès le départ à l'échec et sur les agissements de Gary Klesch".

L'heure est à la mobilisation syndicale sur tout le site pétrochimique. L'effet domino pourrait entraîner une catastrophe majeure sur le plan de l'emploi.