Tour de France : les syndicats de la SNCM lèvent le préavis de grève
Par nicolas éthèvePublié le
L'intersyndicale de la SNCM a levé le préavis de grève qui pesait sur le Tour de France et sur le début de la saison touristique insulaire : la perspective du plan de développement industriel voté par le conseil de surveillance et les garanties données par les actionnaires l'ont emporté sur les peurs et les crispations, en attendant le verdict crucial de l'appel d'offres lié au renouvellement de la future DSP.
Suite à une réunion conduite hier jusque dans la nuit au Ministère des Transports, les syndicats de la SNCM ont décidé de lever le préavis de grève reconductible déposé pour ce 27 juin, soit deux jours avant le départ historique du 100ème Tour de France, en Corse.
Mardi soir, après deux journées de Comité d'Entreprise (CE) destinées à leur présenter les détails du plan de sauvegarde adopté par le conseil de surveillance, ainsi que ceux de son changement d’actionnariat initialement prévu pour le 30 juin, l'intersyndicale avait toujours maintenu son mot d'ordre de grève, le bilan des discussions devant être présenté aujourd'hui aux personnels. Ce qui offre aussi l'avantage de donner du coffre à ses vives inquiétudes sur le changement d'actionnariat à venir... Un changement que l'intersyndicale a refusé lundi dans une motion de défiance, parce qu'elle estime le transfert de la Compagnie aux seules mains, majoritaires, de Veolia Environnement (à hauteur de 66%), particulièrement inquiétant*.
La fin de la défiance
Dans cette motion de défiance, l'intersyndicale demandait en effet l'arrêt du transfert de capital vers Veolia Environnement « tant que l'avenir de la SNCM et de ses salariés sur l'ensemble de ses lignes et activités avec l'attribution de la délégation du service public maritime de continuité territoriale, n'est pas assuré ». Choses qu'ont entendu Veolia Transdev et le Ministère des transports, de la mer et de la pêche.
Dans un courrier signé lundi à l'intention de Marc Dufour, Jean-Marc Janaillac, le président directeur général de Transdev a indiqué prendre acte du gel du transfert de capital initialement prévu au 30 juin. En précisant ceci : « l'avis du comité d'entreprise sera sollicité lors d'une prochaine réunion qui se tiendra dès lors que nous disposerons d'une meilleure visibilité sur l'attribution de la future DSP » et « ce délai supplémentaire permettra de compléter l'information des élus », étant acquis que « l'avenir » de la SNCM doit être « sécurisé ».
De son côté, le ministre Frédéric Cuvillier a pris sa plume mardi pour répondre aux inquiétudes de l'intersyndicale. Dans cette missive, le ministre rappelle que le 20 juin, « le conseil de surveillance de la SNCM a approuvé un plan industriel qui prévoit notamment le renouvellement de la flotte, par l'entrée en service de 4 Ropax ainsi que le plan d'activité associé », tout en soulignant que « sa réalisation est conditionnée à la conclusion du contrat de DSP avec la Collectivité Territoriale de Corse et à la mise en place d'un pacte social interne », portant essentiellement sur la suppression de 515 postes (sans départs contraints) étalés sur 6 ans (dont 415 en 2014).
« Aujourd'hui, il s'agit pour l'entreprise d'aborder dans les meilleurs conditions possibles la phase de négociation directe de la DSP », notait ensuite le ministre, en soulignant « deux points essentiels » :
« - S'agissant de la décision européenne relative à l'actuelle DSP, l’État rappelle qu'il engagera tous les recours en suspension et en annulation nécessaires avec la plus grande détermination ;
- Concernant le renouvellement des navires, conformément aux orientations retenues le 20 juin en conseil de surveillance, les actionnaires, dont l’État, définissent actuellement les modalités de financement les plus adaptées ».
Au programme de la réunion de ce 26 juin, ces points d'éclaircissement ont convaincu les organisations syndicales, qui pouvaient déjà être soulagées, dès le 20 juin, à l'issue du conseil de surveillance. Parce qu'en guise de plan de sauvegarde, ce n'est pas un scénario catastrophe qui a été privilégié, mais celui d'un plan de développement.
Pas de scénario catastrophe
Car, deux scénarios étaient en lice au conseil de surveillance de la SNCM : celui d'un simple plan de coupe dans la masse salariale qui n'aurait été assorti d'aucune autre ambition, contre celui d'un véritable projet industriel porté depuis le départ par Marc Dufour, le président du directoire de la SNCM. Celui qui est aujourd'hui plus que jamais en passe d'être concrétisé, par une entreprise qui, bien que malmenée par de nombreux vents contraires, met tout en œuvre, avec ses actionnaires et ses salariés, pour s'assurer, dans le respect de son histoire, les conditions offensives d'une meilleure compétitivité économique, gage suprême de survie. Pour être l'anti-SeaFrance, en somme... C'est pour toutes ces raisons que Marc Dufour pouvait être satisfait à la sortie du conseil de surveillance de la SNCM :
(*). Le capital de la SNCM est actuellement détenu à 66% par Veolia Transdev et la Caisse de Dépôts et Consignations (à égalité des parts), ainsi qu'à 25% par l’État et à 9% par les actionnaires salariés. Les 66% sont partagés à égalité entre Veolia Environnement et la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC). La CDC doit se retirer du capital de la SNCM dans le cadre d'un accord avec Veolia, dont elle récupère le reste des activités de Veolia Transdev. Il est fort possible vu la dynamique actuelle que l’État intervienne, à l'avenir pour compenser le départ de la CDC au capital de la SNCM.
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