Retraites : la réforme discrète de 2027 qui va pénaliser les seniors actifs
Pendant que l'attention se focalisait sur la suspension partielle de la réforme des retraites de 2023, une autre mesure s'est glissée dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2026. À partir de janvier 2027, le cumul emploi-retraite sera profondément remanié, au détriment des quelque 700 000 retraités qui continuent à travailler.
Le principe est simple, mais ses conséquences sont redoutables : chaque euro gagné grâce à une activité professionnelle sera désormais déduit de la pension de retraite. Une règle qui rompt avec le système actuel, où les retraités pouvaient cumuler intégralement leur pension et un salaire sans plafond.
Cette réforme vise deux catégories de retraités. D'abord, ceux qui partent de manière anticipée, avant l'âge légal de 64 ans. Ensuite, les retraités bénéficiant d'une pension à taux plein mais âgés de moins de 67 ans : leur pension sera amputée dès lors que leurs revenus d'activité dépasseront 7 000 euros annuels.
Des économies budgétaires au détriment des seniors
L'objectif de cette mesure est clairement budgétaire. Actuellement, le cumul emploi-retraite représente entre six et sept milliards d'euros de pensions versés chaque année. La Sécurité sociale espère réaliser des économies de plusieurs centaines de millions d'euros grâce à ce nouveau dispositif. Cette réforme s'inscrit dans la continuité des mesures d'austérité du budget 2025, qui avaient déjà suscité de vives critiques.
Seule exception : à partir de 67 ans, les retraités pourront continuer à bénéficier sans conditions du cumul de leur pension et d'un revenu d'activité. Mieux, les périodes travaillées après cet âge pourront ouvrir droit à une seconde retraite, constituant ainsi un avantage pour les plus âgés.
Cette réforme intervient dans un contexte de suspension partielle de la réforme des retraites de 2023. L'Assemblée nationale a adopté la proposition de Sébastien Lecornu permettant aux générations 1964 à 1968 de partir un trimestre plus tôt que prévu. Si vous êtes né en 1964, votre âge légal de départ sera de 62 ans et 9 mois et non plus 63 ans.
Selon le Premier ministre, 3,5 millions de Français devraient bénéficier de cette suspension, pour un coût de 400 millions d'euros en 2026 et 1,8 milliard d'euros en 2027. Mais la loi devra être modifiée avant fin 2027 pour maintenir cet avantage en 2028, laissant planer une incertitude sur la pérennité de cette mesure.
Pour les seniors qui comptaient sur le cumul emploi-retraite pour maintenir leur niveau de vie, la pilule est amère. Cette réforme, passée sous les radars médiatiques, risque de contraindre de nombreux retraités à revoir leurs plans. Dans un contexte où la cote de confiance de Macron atteint son plus bas historique, cette mesure pourrait encore creuser le fossé entre l'exécutif et les Français. Entre la hausse du coût de la vie et la volonté de rester actifs, près de 700 000 retraités devront arbitrer entre travailler moins ou voir leur pension réduite dès 2027.