Mali : la tentation néo-coloniale
Par N.TPublié le
La France bombe le torse. Pas l’ombre d’un djihadiste pour stopper l’avancée des troupes françaises et maliennes au Nord-Mali. Gao est tombé et à sont tour Tambouctou, la « perle du désert » martyrisée par les groupes armés islamistes qui ont détalé lâchement, aussi vite qu’ils étaient venus, non sans mettre le feu à un trésor de manuscrits. La « Boucle du Niger » a été reconquise en tout juste 48 h.
Le plus difficile n’en reste pas moins à venir. Kidal, dernière ville du Nord-Mali reste aux mains des rebelles touareg et du Mouvement islamique de l’Azawad (MIA), un groupe dissident. Les autonomistes touareg assurent ne pas rechercher la confrontation, mais vouloir « protéger les populations contre les exactions de l’armée malienne ». Gérer cet imbroglio ne sera pas une mince affaire pour la France, dont le président affirme vouloir passer au plus vite la conduite des opérations aux « troupes africaines ». Et encore faut-il que celles-ci soient en mesure de venir à bout de la guérilla que va livrer Al Qaïda, dont les hordes vont mettre à profit l'immensité du désert.
Au-delà de la restauration de son « intégrité territoriale », la France promet d’aider le Mali à « s’assurer une stabilité durable… » a déclaré François Hollande. Autant dire que le chemin est encore long pour la mission que s’est fixée l’Elysée, soutenu du bout des lèvres par le reste des pays européens. Aux yeux de ces derniers, cette guerre est en effet celle de la France seule, qui fut prompte à agir au chevet d’une ancienne colonie réellement menacée par l’intégrisme islamiste. Et le soutien est acquis d’une population qui s’estime libérée.
Au bout du compte, la France est sans doute entrée au Mali pour la bonne cause, mais le risque de son enlisement dans un bourbier est bien réel… tout autant que la tentation néo-coloniale.