Capture d'écran vidéo d'une manifestation dans la ville syrienne de Homs (DR)

Crédibilité

C'est à peine croyable, rendus dans la ville syrienne de Homs en état de guerre, jusque-là labourée par des chars, infestée de snipers qui terrorisent les habitants et multiplient les victimes ; accueillis par des dizaines de milliers de manifestants qui crient leur désespoir d’être sauvagement réprimés au quotidien, les observateurs de la Ligue arabe disent n’avoir rien vu d’anormal, avoir trouvé les lieux visités calmes et jugent la situation «rassurante».

Et pour cause, solidement encadrés par des barbouzes du régime et soigneusement guidés sur des itinéraires «nettoyés» la veille, les «enquêteurs» ont été tenus à l’écart des hôpitaux clandestins, des centres de détention et autres lieux où agonisent les victimes de l’armée syrienne. Ils ont eu droit à une promenade de santé dans une ville martyre qui compte ses morts depuis des mois.

Une fois sortis de Homs, bastion de l’insurrection, sans avoir vu les traces des exactions commises sur les populations, ils n’auront très probablement pas grand-chose à dire pour confirmer les crimes que dénoncent sans arrêt les organisations humanitaires et de défense des Droits de l’Homme.

En se prêtant ainsi dès le début de leur mission à ce qui ressemble fort à une mascarade, les observateurs dépêchés livrent des premières conclusions qui font dangereusement pencher la balance en faveur du régime de Bachar al-Assad, donnent du grain à moudre à la Russie et à la Chine toujours opposées à toute résolution du Conseil de sécurité le condamnant.

Malgré la paralysie de l’ONU, la Ligue arabe avait pourtant arraché en novembre dernier un plan de sortie de crise au dictateur syrien prévoyant l'arrêt des violences, la libération des détenus, le retrait de l'armée des villes et l'amorce d'un dialogue entre le pouvoir et l'opposition.

L’organisation avait ainsi redoré son blason et gagné quelque peu en audience dans la lancée de sa position en faveur d’une zone aérienne exclusive en Libye.

Confrontée désormais directement aux souffrances des populations syriennes, la Ligue arabe qui est en réalité une coquille vide, étrangère aux peuples qui bouillonnent, ne représentant que des potentats et minée par des querelles internes, joue plus que jamais sa crédibilité.