L'affiche du Festival Musiques Algériennes

De l’immigritude à l’enracinement commun, un festival de musiques

Un fait est que l’immigration algérienne est bel et bien la première immigration en France. Un autre est celui de la tension franco-algérienne qui s’article autour de la guerre de décolonisation, des questions d’histoire et de mémoire que ce moment de l’histoire pose. Il y a plusieurs manières d’approcher ces réalités dont une est gagnante à coup sûr : une proposition culturelle qui ouvre la voie à un dialogue culturel nourri des altérités réciproques.

La soirée de festival des Musiques Algériennes qui se déroulera dans l’agglomération grenobloise le 20 octobre prochain est ancrée dans cette ambition : fêter ensemble ce patrimoine culturel apporté au creuset commun français par les immigrés depuis la première génération.

Turn Again Music est le label d’Actions Musiques, structure dédiée au management, à la production et à la diffusion des musiques actuelles et des musiques du monde, dont le siège social est basé à Grenoble. Son directeur Yassine Gouri, explique la démarche qui a inspiré la création de ce nouveau festival :

« Cette initiative est induite par ma rencontre avec Monsieur Aïssa Romani, Consul d'Algérie à Grenoble, il y a de cela quelques semaines. Cette fin d'année puis l'année 2012 sont des temps forts pour l'Algérie avec la célébration du cinquantième anniversaire du 17 octobre 196, la Journée de l'Emigration algérienne en France mais aussi en 2012 le cinquantenaire de l'indépendance de l'Algérie.

Moi-même issu de l'émigration, porteur de cette double identité ainsi que d’une double nationalité, je souhaitais proposer un événement fédérateur, rassemblant français et algériens, en somme deux populations dont l'histoire est liée. Autour de la commémoration du 50e anniversaire du 17 octobre 1961 et de la Journée de l’Emigration algérienne en France, j’ai eu envie de monter un plateau d’artistes autour des musiques algériennes, en collaboration avec le Consulat d’Algérie à Grenoble et l’ Office National Algérienne de la Culture et de l'Information, parce qu’à mon sens la musique est un médium populaire et facilitant la rencontre.

Sincèrement, il est temps que la lumière soit faite sur l'histoire sans jeter la pierre à qui que ce soit mais avec une volonté de clarté, pour que l’histoire commune entre l'Algérie et la France ne soit plus occultée par les uns et les autres des deux côtés d'une mer qui pourtant nous rapproche... »

Un festival placé sous le signe des cultures méditerranéennes et en particulier des musiques d’Algérie. De l’héritage puisé aux sources du raï et du chaâbi aux musiques pop, rock ou hip-hop, la scène franco-algérienne actuelle donne un bel exemple de dépassement des barrières stylistiques et met en musique cette possible citoyenneté culturelle métissée.

Sur scène, de nombreux artistes et leurs invités (à découvrir en venant ce soir-là !) seront les ambassadeurs de cette vision de la culture. Kamel El Harrachi est le fils du grand Dahmane El Harrachi, un des premiers à avoir chanté l’immigration, l’exil, en somme cette immigritude si difficile à vivre. En digne héritier du chaâbi algérois, il nous fera partager quelques chansons fétiches du répertoire de son père et nous enchantera avec ses propres compositions.

Lotfi Attar, guitariste hors pair et ex-membre du groupe mythique Raïna Raï et Larbi Dida, la voix de Raïna Raï et ex-membre de l’Orchestre National de Barbès (l’ONB qu’on ne présente plus) apporteront leur énergie communicative à cette grande fête. Jimmy Oihid, artiste connu pour faire le pont entre le Maghreb et la Jamaïque, vient de rejoindre l’aventure et on peut compter sur lui pour faire sonner un oriental roots bien balancé. Enfin, celui que les jeunes algériens appellent « le roi du rap algérien », Lotfi Double Kanon, donnera de la voix avec des textes porteurs de messages, cette expression libre d’une jeunesse souvent laissée pour compte.

« C'est l'ignorance et la méconnaissance qui provoquent des sociétés arides, sectaires, et de méfiance... » pour reprendre les mots de Yassine Gouri. Le 20 octobre, c’est toutes les déclinaisons festives du vivre-ensemble qui seront à l’honneur pour…un enracinement commun.

Informations pratiques :
Le 20 octobre à 20 heures, au Prisme de Seyssins (38)
Location préalable conseillée auprès des réseaux (FNAC, Carrefour, Intermarché, Magasins U, France Billet, Info Concert)
Tarifs :
En pré-vente : Plein tarif : 19€ - Tarif réduit : 16€
Achat sur place: 25€