Le Napoléon Bonaparte de la SNCM transformé en icône médiatique des intempéries
Par nicolas éthèvePublié le
La nature rappelle souvent à l'homme et à ses constructions qu'ils sont bien peu de choses sur Terre. Et, en la matière, les conditions météorologiques exceptionnelles de cette fin d'octobre ne font pas les choses à moitié !
Deux étudiants morts noyés sur le campus de Toulon ; deux personnes disparues depuis samedi (un enfant de 12 ans à Porquerolles, dans le Var, et un véliplanchiste au large de Sérignan, dans l'Hérault) ; un SDF retrouvé mort ce matin à Paris, la capitale du pays qui se trouve glacée par une masse d'air froid ; 50 000 foyers privés d'électricité dans les départements de la Drôme, de l'Ardèche, de la Savoie, de la Haute-Savoie et de l'Isère, ainsi qu'en Corse... Même en Suisse, la météo, qui ne connaît pas de frontières, crée des ravages, avec pas moins de 60 accidents, fort heureusement sans « blessé grave », recensés sur le seul canton de Berne...
Une nuée de victimes
Mais l'image médiatique forte de ces intempéries, ce ne sera pas ce pauvre SDF parisien tué, non pas par le froid, mais par la misère sociale ; ce ne sera pas, non plus, celle de ces dizaines de milliers de français privés d'électricité et donc, souvent, de chauffage... Ce sera, spectaculaire oblige, la silhouette du grand Napoléon Bonaparte, ce fleuron de la SNCM qui, malgré toutes les précautions de sécurité prises depuis hier soir dans le contexte de vigilance orange que l'on sait, ne sera pas parvenu à empêcher le navire de s'échouer sur le quai du Port de Marseille, après que ses amarres aient lâché, comme le montre l'édifiante photo prise par le journaliste Philippe Pujol et diffusée sur son compte twitter.
Encore proche, le souvenir du Costa Concordia qui a défrayé la chronique depuis son naufrage aussi spectaculaire que dramatique, explique en partie cette fascination médiatique... Comme le fait que la SNCM est depuis longtemps un marronnier médiatique que l'immense majorité des journalistes ne considère plus que comme une entreprise au bord de l'écueil, un écueil inlassablement prophétisé au rythme des mouvements sociaux de la compagnie. Vous prenez tous ces ingrédients et le symbole médiatique de ce week-end d'intempéries était tout trouvé, en dépit du fait que cet incident n'a eu, fort heureusement, aucune victime à déplorer... Voir le reportage réalisé par France Télévisions :
Ce soir, un nouveau communiqué de presse de la SNCM fait le point sur la situation du Napoléon Bonaparte. Elle y souligne que « le navire s'est légèrement incliné vers le quai » et que « sa quille semble maintenant reposer sur le fond », alors que « les équipes vérifient en ce moment l’état de stabilité du navire ».
Les dernières nouvelles du Napoléon Bonaparte
« Les 4/5ème du navire étant émergés, une fois cette stabilité confirmée, les opérations d'exploration avant colmatage de la brèche et pompage pourront commencer », commente la SNCM qui rappelle que les équipes de la SNCM, du port et des marins-pompiers » sont mobilisées depuis 23h00, hier soir, avant de préciser la chronologie des événements : « l'équipage avait été renforcé samedi en prévision de la mauvaise météo.
A 1h30, les amarres du navire ont toutes cédé. La cellule de crise du port a été activée: des unités sont intervenues pour sécuriser la zone et les marins-pompiers déployés. La préfecture a également armé sa cellule de crise ». A cette heure-ci, où « l’activité du port n’est pas bloquée par cet incident », « le risque de pollution est écarté car les ballasts contenant les combustibles ne sont pas touchés », conclut la SNCM en précisant que « seules les eaux de cale qui s'évacueront des compartiments moteurs seront légèrement souillées ».
Mise à jour du lundi 29 octobre, à 10h10 : Le Napoléon Bonaparte est en bonne voie de « stabilisation », pour la SNCM. « Le vent est tombé cette nuit et le navire a donc très légèrement bougé, il s'est même redressé », indique à Médiaterranée un porte-parole de la compagnie qui a aujourd'hui « bon espoir de voir cette stabilisation se poursuivre ».
Si cette stabilisation se confirme, après de méticuleuses vérifications, des équipes de plongeurs colmateront la brèche qui a entraîné l'inondation de deux compartiments étanches et l'inclinaison du navire à tribord. Une fois ces soudures réalisées, les opérations de pompage pourront commencer afin que le bateau soit ensuite déplacé vers un point détaché pour y être réparé.
A lire !
- A la SNCM, la sécurité et le confort des passagers sont « la priorité » de la traversée
- Le Conseil d’État protège la Corse, la SNCM et la CMN des vents du néolibéralisme
- Corsica Ferries et le Tribunal de l'Union Européenne remettent la SNCM dans la nasse néolibérale
- Marc Dufour prépare une « révolution » positive pour l'entreprise SNCM