Le Venezuela veut remettre les pendules à l’heure
Par N.TPublié le
Le Venezuela lance une campagne de « sensibilisation » de l’opinion internationale pour faire échec à la « désinformation » au sujet des manifestations violentes menées par la droite dure depuis plus d’un mois.
Confronté à des vagues de manifestations violentes menées par la droite dure dans un contexte d’inflation galopante et de pénuries de produits de base, le président vénézuélien Nicolas Maduro relève le double défi du dialogue et de la relance économique. Son parti, le PSUV (Parti socialiste unifié du Venezuela), a remporté les élections municipales de décembre 2013. Le successeur d’Hugo Chavez entreprend sur sa lancée une campagne de « sensibilisation » de l’opinion internationale pour contrecarrer la « désinformation » autour des événements qui secouent le pays depuis des mois.
Au Venezuela, « une droite antidémocratique, raciste mène une guerre idéologique en recourant à des groupes organisés qui se livrent à la violence, portent atteinte aux droits fondamentaux d’éducation, de santé, de circulation… » Elias Jaua, ministre des Affaires étrangères, était mercredi 23 avril à Paris, pour « rétablir cette vérité ».
Le chef de la diplomatie est allé à la rencontre de la presse accompagné de deux étudiants et d’une employée du ministère du Logement, témoins « d’attaques organisées » contre leurs établissements, décrivant des scènes chaotiques d’incendies de salles d’archives et de bibliothèques. L’expression « d’une haine de classe », selon M. Jaua, de la part d’une opposition « qui n’admet pas que des enfants de paysans puissent avoir accès au savoir, à l’éducation gratuite ». Le nombre d’inscrits à l’université est en effet passé de 862 862 en 2000 à 2 629 312 en 2013.
Parmi les 41 morts recensées lors des manifestations, « trois seulement sont attribuées réellement aux fonctionnaires de police, qui ont d’ailleurs été arrêtés, les autres victimes ont succombé dans diverses circonstances », tiendra à préciser le ministre, soucieux d’éclairer avant tout les ressorts politiques de cette violence et les issues possibles pour s’en sortir. « La droite dure n’accepte pas que le peuple ait opté pour le socialisme et tente de remettre en cause ce choix en recourant à la violence », dénoncera-t-il. Un choix qui a pourtant permis « de récupérer les recettes pétrolières, d’éradiquer la famine, de généraliser le droit à la sécurité sociale, de réduire la journée de travail, de baisser l’âge de départ à la retraite… »
Question inévitable, le parallèle avec l’Ukraine permet à Elias Jaua de rappeler le contexte : les ressources considérables du pays en hydrocarbures, son rôle en faveur d’une Amérique latine souveraine, ses relations avec la Chine, la Russie, l’Iran et sa coopération avec Cuba, autant de facteurs qui expliquent, selon M. Jaua, le soutien sans réserve des États-Unis à l’opposition.
Stratégie de riposte, le dialogue avec la frange modérée de l’opposition n’en est pas moins déjà engagé : « Nous pouvons unir nos efforts pour faire face aux grands enjeux, mais encore faut-il respecter la Constitution et les règles du jeu démocratique, ne pas céder à la pression des extrémistes. » Autre défi : l’assainissement et la relance de l’économie. Le gouvernement s’est fixé un objectif de croissance de 4 % du PIB et une inflation comprise entre 26 et 28 % (celle-ci a été de 56,2 % en 2013). Il s’engage à diversifier l’appareil productif, à inverser la forte tendance à la dépendance des hydrocarbures en mettant à contribution le secteur privé. « Je vous ai convoqués, vous les patrons de la patrie, pour vous associer à cette offensive de travail et de croissance. (…) Nous devons tout produire au Venezuela. Nous devons en finir avec cette économie portuaire. (...) C’est l’heure ! » a déclaré Nicolas Maduro devant 700 représentants des entreprises vénézuéliennes.
« Les barrios (populations des quartiers), qui vivent mieux qu’il y a 10 ou 15 ans, soit 80 % de la population, ne sont pas descendus des collines pour se joindre aux manifestations de la classe moyenne », rappelle enfin Eleazar Diaz Rangel, journaliste et historien des médias. La révolution bolivarienne retrouverait-elle un nouveau souffle ?