Algérie. Disparition de Réda Malek : il laisse un combat inachevé
Par N.TPublié le
L’intellectuel et homme politique algérien Réda Malek n’est plus. Il s’est éteint samedi 29 juillet à l’âge de 86 ans. Son parcours de vie est indissociable de la grande histoire de l’Algérie, de ses moments décisifs.
Il fut membre de la délégation du FLN qui négocia, en 1962 à Evian, les conditions de l’indépendance, et l’un des rédacteurs, avec l’historien Mohamed Harbi, de la Charte de Tripoli, texte programme.
Il fut aussi ambassadeur à Moscou, Londres, Washington et Belgrade, ministre des Affaires étrangères, puis chef du gouvernement à l’aube des années de feu et de sang, en 1993. Une dernière mission historique, emblématique de la résistance à l’offensive de l’islamisme armé contre les institutions de l’Etat et la société civile, menée avec courage.
« La peur doit changer de camp ! » dit-il le jour des obsèques de notre camarade dramaturge Abdelkader Alloula, assassiné, en mars 1994 à Oran, par le GIA.
Sa conviction était inébranlable : la lutte de libération nationale a ouvert la voie à un Etat républicain. Le chemin tracé, aussi escarpé soit-il, mène naturellement vers la démocratie et la laïcité. Ses ouvrages (1), nombreux, croisent les dimensions de cette problématique dans une Algérie tourmentée.
Aujourd’hui, des islamistes se réjouissent honteusement de sa disparition. Comme ils se délectent du confort politique et social dont ils héritent sur le lit de la régression. Ces barons-là sont aux commandes de secteurs commerciaux des plus juteux, leur domination idéologique est écrasante.
La disparition de Réda Malek porte l’empreinte d’un combat inachevé.
(1) L’Algérie à Evian. Histoire des négociations secrètes (1956-1962)
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