A Marseille, le pourrissement d'une plaie: la politique désastreuse de la Ville
Par N.TPublié le
Trop occupé à faire la chasse aux Roms, le ministre français de l’Intérieur, Manuel Valls, n’entendait que de loin le bruit des kalachnikov qui rythme la guerre des trafiquants de drogue dans les quartiers Nord de la cité phocéenne. Le voilà désormais secoué par l’idée saugrenue de la sénatrice-maire de ces arrondissements qui en appelle à l’intervention de l’armée.
Saugrenue, mais non moins efficace, l’idée de Samia Ghali a le mérite de poser la seule et vraie et question qui s’impose : que fait la police ? Qui peut sérieusement croire que celle-ci n’a pas les capacités et le savoir-faire pour remonter les filières, pister les trafiquants, repérer les morveux qui leur servent de guetteurs, tisser une toile de renseignements sur les réseaux des caïds, leur approvisionnent en armes et prévenir les actes de guerre auxquels ils se livrent ?
La rengaine de l’insuffisance des effectifs ne justifie rien. Un mot et un seul résume en réalité le sort réservé aux cités populaires qui ceinturent la ville : l’abandon. Les élus aux commandes n’ont d’yeux que pour le Marseille « propre » et ses sites d’affaires émergents. Les quartiers « difficiles » sont vécus comme une greffe malsaine. La police se contente d’y compter les morts et les faits-diversiers brodent des légendes sur leur singularité de zones urbaines maudites.
C’est la triste histoire d’une société emmurée dans un univers de béton qui tombe en ruine, de ghettos insalubres dégoulinants de misère, peuplés de jeunes chômeurs qui basculent naturellement dans la délinquance, devenue quasiment un statut au passage à l’âge adulte.
Les grandes déclarations des uns et des autres n'y changeront rien. La guerre des stups qui défraie la chronique de la cité phocéenne, c’est le pourrissement d’une plaie : la politique désastreuse de la Ville.