sur le terrain, celle-ci est largement infiltrée, voire dominée par des hordes de djihadistes... (DR)

Syrie: qui sont les anti-Bachar ?

Quelles sont les composantes de l’opposition au régime de Bachar al-Assad, sont-elles sur la même ligne et quels rapports entretiennent-elles avec les grandes puissances, notamment la France et l’Amérique aujourd’hui résolues à « punir » le régime syrien pour le recours à des armes chimiques ? Décryptage

Au commencement, en 2011, ce fut un cri de révolte d’une jeunesse encouragée par le succès de la contestation en Tunisie puis en Egypte. Le même cri qui ébranla la place Tahrir du Caire : «le peuple exige la chute du régime !». Les graffitis sacrilèges des écoliers de Derra déclencheront les foudres du régime. Arrestations et actes de torture pour tuer le mouvement dans l’œuf, et surtout fournir un exemple … Convaincus de l’efficacité des méthodes éprouvées durant plus de quarante ans de dictature, Les « Chabbiha », barbouzes de la police politique ont frappé fort.

Face à la multiplication de manifestations pacifiques, le pouvoir souffla un temps le chaud et le froid, engageant des réformes constitutionnelles tout en intensifiant la répression sous la chape de plomb d’un régime totalitaire. Et la contestation se radicalisait à son tour, ouvrant la voie à l’entrée en scène des organisations de l’opposition.

Au plan intérieur, celle-ci est constituée par des mouvements nationalistes et globalement de gauche, regroupés au sein d’un Comité national de coordination des forces de changement démocratique (CNCD). Cette organisation qui prenait en compte la dimension ethno-religieuse du pays et sa complexité était opposée au passage à l’insurrection ainsi qu’à une intervention étrangère.

Le cas de la Libye marquera un tournant dans l’histoire du soulèvement contre Bachar al-Assad. Le Conseil national syrien (CNS) et l’Armée syrienne libre (ASL), y verront alors une opportunité de soutien, surtout armé, au nom du principe de protection des populations civiles.

Le CNS s’apparente au Conseil national de transition (CNT) libyen. Il a été crée en octobre 2011 à Istanbul avec le soutien de la France et du Royaume-Uni. Il est supposé rassembler l’opposition et proposer une alternative démocratique. Les Frères musulmans y sont présents en force.

L’ASL a été créée le 29 juillet 2011 par des militaires qui ont déserté les rangs de l’armée régulière. Cette armée reconnaît l’autorité du CNS. Selon le Figaro,  «les premiers contingents syriens formés à la guérilla par les Américains en Jordanie seraient entrés en action depuis la mi-août dans le sud de la Syrie, dans la région de Deraa. Un premier groupe de 300 hommes, sans doute épaulés par des commandos israéliens et jordaniens, ainsi que par des hommes de la CIA, aurait franchi la frontière le 17 août. Un second les aurait rejoints le 19 »

L’Elysée est en tête des soutiens occidentaux au Conseil National Syrien. L’objectif clairement dévoilé désormais est d’affaiblir le régime syrien, de peser sur ses liens avec le Hezbollah et l’Iran. Et de préparer le terrain à un pouvoir en mesure de construire des compromis avec les Frères musulmans, plus précisément le régime souhaité par les monarchies pétrolières du Golfe. Favorable à une intervention militaire étrangère, le CNS offre de plus une couverture parfaite à la France et aux Etats-Unis qui préparent le terrain et l’opinion à des frappes éclair pour ébranler le régime syrien, sans pour autant provoquer l’embrassement de la région. Un calcul à hauts risques.

Un facteur, et non des moindres, devraient cependant conduire les puissances occidentales à réviser le soutien apporté à l’opposition syrienne : sur le terrain, celle-ci est largement infiltrée, voire dominée par des hordes de djihadistes. Le cri de révolte de la jeunesse syrienne est sous menace de la barbarie. Comme en témoignent les nombreuses vidéos filmant des scènes d'exécution par balles et à l'arme blanche. Face à la radicalisation du conflit, les anti-Bachar sont plus que jamais à la croisée des chemins.