Pendant ce “Chaud dehors” à Aubagne, les minots se sont régalés à se recouvrir de plumes les uns les autres. (J.C.S)

Intempéries spectaculaires : Déluge de plumes et chutes de cartons sur Aubagne

Samedi, à Aubagne, se terminaient les trois jours de “Chaud dehors”, le festival de spectacles de rue, initié par Lieux Publics, le Centre national de création en espace public, installé à la Cité des arts de la rue à Marseille. 

Depuis jeudi 30 mai, une dizaine d’artistes et de collectifs avaient envahi la ville, pour proposer aux Aubagnais douze installations, spectacles ou performances. Labellisé Marseille-Provence 2013, ce festival des arts de la rue, était avant tout ouvert à la création régionale.

Pendant trois jours, des compagnies venues d’Arles, Apt ou Marseille ont pris possession  du macadam et ont semé quelques pépites urbaines inattendues. Au détour d’une place, d’une fontaine, ou d’un escalier, les comédiens, musiciens, danseurs, acrobates, ou plasticiens surgissaient avec leur univers délirant. 

Parmi les animations au programme, “l’urbanisme utopique” élaboré par Olivier Grossetête. De jeudi à samedi, le plasticien marseillais a convié les Aubagnais à l’aider à construire deux bâtiments géants en carton. 

 

Un super Légo 

Les blocs empilés et scotchés ont peu à peu pris forme, jusqu’à s’élever aussi haut que le musée Pagnol derrière eux. Et samedi soir, sur l’esplanade de Gaulle, les deux grandes maisons aux toits pointus trônaient fièrement, ignorant le sort qui leur serait bientôt réservé. 

Ce projet était d’ailleurs un avant-goût, à moindre échelle, d’une installation qui sera réalisée en octobre à Marseille. A l’automne, Olivier Grossetête prévoit en effet d’ériger un véritable village de carton près du Vieux-Port. Avec à la fin, le même destin : celui d’être bousculé, basculé, jusqu’à se retrouver écroulé au sol, piétiné par des minots déchaînés. 

A Aubagne, les petits ne se sont pas privés pour se ruer sur ce Légo géant. En début de soirée, les maisons ont commencé à être secouées, à bouger, à remuer de plus en plus, jusqu’à vaciller enfin, pour s’écraser par terre et être prises d’assaut. 

Une douce folie planait sur la place. Au son d’une fanfare tzigane, tout le monde se mettait à sauter sur les cartons, avec le grand plaisir de la destruction. Exactement comme quand les enfants se régalent de mettre un coup de pied dans le château en bois qu’ils viennent de construire patiemment. Sauf que là, en plus, ils pouvaient se courir après avec un grand morceau de carton dans les mains, et taper sur ceux qui passaient à leur portée. 

 

Une dimension plus humaine

Un peu plus tôt, déjà, l’excitation avait commencé, sur le cours Voltaire, à quelques centaines de mètres. La compagnie Studios de Cirque présentait “Plumes Attack”, un spectacle d’anges voltigeurs. Dans un simple bus, des clowns acrobates enchaînaient les prouesses, hissés au sommet d’un mât, ou en virevoltant sur une balançoire trapèze. 

Après quelques passes de jonglage, d’équilibrisme ou de main à main, les artistes finissaient par un saut de l’ange sur un matelas géant, et envoyaient sur le public des coussins remplis de plumes. La bataille de polochons faisait rage et transformait la place en un tapis de plumes blanches. 

En janvier, lors de la soirée d’ouverture de MP 2013, cette compagnie arlésienne avait présenté “Place des Anges”, sur le cours d’Estienne d’Orves, à Marseille. Suspendus à des grues immenses, les anges volaient de bâtiments en bâtiments, et avaient recouvert la ville de duvet.  

A Aubagne, le spectacle était beaucoup moins grandiose. Mais il était beaucoup plus agréable à suivre. Lors de la soirée d’inauguration à Marseille, les abords du Vieux-Port étaient si saturés qu’il était presque impossible d’apprécier les exploits des artistes. 

Samedi soir, les animations de ce “Chaud dehors” étaient à l’échelle de la ville. Plus petites, mais aussi plus humaines. Ça n’empêchait pas le festival d’être un plein succès. Le public avait répondu présent, et l’atmosphère de fête flottait dans toutes les rues. 

Ce n’était pas la grande foule, un peu oppressante, et la folie ambiante pouvait d’autant mieux s’exprimer. Les mines réjouies des participants suffisaient pour s’en convaincre.