L’écrivain algérien Kamel Daoud reçoit le prix Goncourt du premier roman
Par N.TPublié le
L'écrivain algérien Kamel Daoud, qui a reçu mardi le prix Goncourt du premier roman, est l'un des chroniqueurs politiques les plus lus d'Algérie.
Dans son roman, publié en 2013 en Algérie, aux éditions Barzakh, et en 2014 chez Actes Sud en France, Kamel Daoud donne la parole au frère de "l'Arabe" anonyme tué par Meursault dans "L'Etranger" du prix Nobel Albert Camus.
Le livre a été finaliste du Goncourt en 2014, il a aussi décroché le Prix des cinq continents de la francophonie et le prix François Mauriac.
"Je voulais, j'ai rêvé d'une suite à L'Etranger pour parler de ma condition par le biais d'un personnage. Pas pour régler un compte", explique l'auteur .
"Je rêve aussi d'être jugé, par les miens, parce que d'une certaine manière, je me sens beaucoup plus proche de Meursault que de sa victime", dit-il. En novembre, il avait exprimé sa déception de ne pas avoir été choisi pour le Goncourt.
Fils d'un gendarme, Kamel Daoud est né à Mostaganem en juin 1970 dans une fratrie de six enfants. Elevé par ses grands-parents, il a suivi des études de lettres françaises après un bac de mathématiques. Son père, homme sévère et introverti, ne l'a pris qu'une fois dans ses bras: quand Kamel a décroché le bac.
Divorcé et père de deux enfants, Kamel Daoud vit à Oran et ne quitterait pour rien au monde cette ville, surnommée "la radieuse".
Il tient depuis une quinzaine d'années la chronique quotidienne la plus lue d'Algérie. Des articles au vitriol publiés chaque jour (sauf le vendredi) dans Le Quotidien d'Oran.
Un activiste salafiste a appelé en décembre sur les réseaux sociaux les autorités algériennes à le condamner à la peine capitale et à l'exécuter. Une initiative interprétée comme une fatwa dans les milieux politiques et intellectuels algériens même si son auteur n'a ni la légitimité ni l'autorité requises.
Kamel Daoud a déposé plainte fin 2014 contre cet activiste.
En Algérie, "Meursault, contre-enquête" a été en rupture de stock et a dû être réimprimé. A la satisfaction sans doute de l'éditeur algérien, Barzakh. "Barzakh, ça veut dire l'isthme en arabe, ce qui sépare et fait se rejoindre en même temps", explique Kamel Daoud.