Dominique Vlasto, déléguée au tourisme : « Faire de Marseille une ville authentique et ancrée dans le 21ème siècle »
Par N.TPublié le
Déléguée au tourisme, aux congrès et aux relations avec les institutions européennes, Dominique Vlasto a livré son regard sur l’évolution de la politique de la Ville de Marseille en matière de tourisme d’affaire et de congrès. Députée depuis 2000, l’élue UMP explique l’importance de s’appuyer sur les atouts propres à Marseille, comme le port, «qui rentre dans la ville, ce que les autres villes n’ont pas».
Le Forum mondial de l’eau, qui a rassemblé cent quarante-sept nationalités et plus de dix-neuf mille congressistes, est un succès en termes de visibilité et de retombées (huit millions d’euros) qui doit en appeler d’autres. «Partout dans Marseille, les gens me disent qu’une manifestation par an de cette ampleur, c’est le Pérou», confirme l’adjointe au Maire. Nous devons organiser le plus possible de manifestations de cette ampleur et les pérenniser. C’était dans ce but qu’a été déposée la candidature de Marseille capitale européenne de la culture».
Quelle est l’influence d’Euroméditerranée sur le tourisme d’affaires à Marseille ?
L’impact de ce programme vient de l’installation des PME dans ce nouveau quartier de Marseille. Par les congrès, les réunions, les assemblées générales qu’elles organisent, elles abondent dans le tourisme d’affaire. Depuis presque 17 ans, le Maire de la Ville a décidé, avec l’Office du Tourisme, de développer une politique de tourisme et, en particulier de tourisme d’affaire et d’entreprise, par la modernisation et la réhabilitation des sites. Il faut savoir que 20% d’emplois induits et directs sont procurés par le tourisme.
Comment jugez-vous la coordination entre les différents acteurs?
La volonté de développement s’illustre par les 50 millions d’euros injectés entre le privé et le public pour ces outils touristiques, que ce soit au Parc Chanot, au Palais des Congrès, au Pharo, au World Trade Center, dans les réhabilitations d’hôtels. Les institutions, comme la Chambre de commerce, le comité départemental du tourisme, mais aussi les professionnels du privé, sont engagés avec la Ville. La coordination entre les acteurs du privé et du public est de qualité depuis la création, en 1999, de l’association Marseille Congrès.
Les opérations réalisées pour s'attacher l'intérêt des hommes d'affaires étrangers visent-elles plus une clientèle européenne ou internationale?
On vise d’abord les Français en même temps que les étrangers. Nous partons souvent avec des collectivités sur les salons comme en Chine, aux Etats-Unis, en Russie, au Japon. Nous ciblons les villes et les pays avec lesquels nous avons des liaisons faciles en collaborant beaucoup avec la SNCF et l’aéroport. Nous faisons la promotion de la ville dans les pays du carrefour méditerranéen, mais aussi en Allemagne, en Angleterre, en Belgique. Quand on choisit une ville pour l’accueil d’un congrès, c’est aussi pour son image, donc tous nos sites, que ce soient le Palais des Congrès ou le Parc des expositions, doivent être modernes et avoir les commodités du XXIe siècle. Nous nous appuyons aussi sur une hôtellerie de grande qualité et diversifiée car nous aurons, en 2013, 6500 chambres de toutes catégories.
Quelles sont les villes qui vous inspirent en matière de tourisme d'affaires ?
Quand je suis arrivée en poste, Marseille n’était pas une ville de tourisme, ni de tourisme d’affaire. En allant dans les instances à Paris, comme à France Congrès, je me suis alors inspirée des politiques de développement de ce tourisme d’affaire menées par Deauville, par Cannes. Encore que Marseille n’a pas la même activité que Cannes, mais peut-être qu’un jour nous serons dans cette catégorie. Je me suis aussi inspirée de l’exemple de Nice à l’époque qui avait une grande salle de 4000 places, alors que la majorité des congrès accueillent environ 1000 personnes. Je me suis donc servie de l’exemple des autres villes pour faire ou ne pas faire.
Et le cosmopolitisme de la ville, comment est-il mis en avant ?
Nous sommes des commerciaux et quand nous allons rechercher des affaires, nous vendons notre Palais des Congrès et nos sites, mais aussi les atouts de Marseille, notamment son image de ville euroméditerranéenne, avec sa lumière et son soleil, ses loisirs, son bien-vivre, son authenticité avec ses 2600 ans d’histoire, ainsi que les charmes de la Provence. On se vend comme une métropole méditerranéenne qui est une passerelle incontournable entre les pays du sud de la Méditerranée et l’Europe. Marseille est un des cinq ports d’Europe à être un nœud stratégique en Méditerranée. Comme on l’a vérifié au salon de Miami (où se déroulait, le mois dernier, le Seatrade Cruise Shipping Miami : ndlr), nous allons atteindre le million de croisiéristes.
Quelles actions avez-vous prévu de prendre pour lutter contre le départ du centre-ville des populations qui n’ont pas les moyens d’assumer la hausse des loyers et les désagréments occasionnés ?
Une politique de relogement a été mise en œuvre par Danielle Servant, notamment pour la Rue de la République. On a beaucoup gagné de terrain sur le port et sur la SNCF. Les entreprises qui sont restées se marient bien avec les nouvelles structures, mais il s’agissait surtout d’entrepôts situés dans le périmètre d’Euroméditerranée. Même si, nous, Marseillais, on peut trouver que les constructions dans le centre-ville et le Vieux-Port, sont des désagréments, les étrangers, qui voient toutes ces grues, voient que Marseille devient une ville authentique et du XXIe siècle. En plus, le patrimoine se trouve dans le centre, avec le musée de Marseille, en rénovation.
Sur quels domaines comptez-vous vous appuyer pour améliorer la compétitivité de Marseille ?
«Nous essayons d’accueillir beaucoup de congrès nationaux et internationaux sur le recherche médicale et le sujet hospitalier, où nous sommes très reconnus. Des premières sont réalisées à Marseille, comme cette séparation des enfants siamois attachés par le crâne. Des gens viennent d’autres pays à l’hôpital de La Timone pour en apprendre plus sur le cancer.»
Propos recueillis par Laurent Nobles
Bientôt un salon à Marseille sur le thème de la croisière
Maxime Tissot, directeur général de l’Office du Tourisme de Marseille, corrobore cette volonté de postuler sur beaucoup de manifestations : «On s’est engagé dans une logique de candidature et de victoire». Représentée au travers de soixante-deux opérations par an dans le monde entier, Marseille se veut concurrentielle. «Rome et Barcelone ont une longueur d’avance, mais l’écart se resserre grâce aux efforts de promotion et de structuration du port, qui compte un million de croisiéristes».
Deux ans après Cannes, c’est au Parc Chanot que se tiendra, du 27 au 29 novembre prochains, le salon Seatrade Med, rendez-vous immanquable pour les acteurs de la filière croisière. La reconnaissance de l’expertise de la ville en matière d’organisation de rendez-vous d’affaires a récemment été soulignée par l’association France Congrès, qui lui a décerné, ainsi qu’au Conseil Supérieur de l'Ordre des Experts-Comptables, le Prix "Congrès et Ville de l'Année".