Marseille les Baumettes, un univers inhumain, répugnant, dénoncé par le contrôleur général des prisons
Par N.TPublié le
Le contrôleur général des prisons dresse un rapport accablant, publié jeudi 6 décembre au Journal officiel, sur les conditions de détention à la prison des Baumettes à Marseille, qualifiées «d'inhumaines», et formule des recommandations jugées «urgentes».
Selon Jean-Marie Delarue, contrôleur général des lieux de privation de liberté, la situation de la prison des Baumettes à Marseille est alarmante au point de nécessiter l'application de la procédure d'urgence prévue en cas de "violation grave des droits fondamentaux".
La vingtaine de contrôleurs qui a inspecté la prison pendant deux semaines, du 8 au 19 octobre, décrit en effet un univers cauchemardesque et répugnant. Sur un échantillon de 98 cellules, 9 seulement n'appelaient "aucune observation sérieuse". L'inspection a constaté un hébergement très dégradé : « pas de lumière , pas de veilleuse pour le surveillant de nuit ; pas d'interphone d'urgence; WC récent mais non fixé au sol et chasse d'eau quasi inexistante; réfrigérateur très sale et infesté de cafards tant à l'intérieur qu'à l'extérieur ; murs sales, dégradés, nombreuses araignées et cloportes ; sol sale, nombreux détritus, pas de cabine de douche ni d'eau chaude ; aucun placard ni rangement, pas de quoi s'asseoir, pas de table..."
Selon l'inspecteur général, la commission départementale incendie a demandé, le 29 avril 2011, la fermeture des locaux car "Un incendie serait vraisemblablement catastrophique". Quand les détenus en promenade sont en retard, les barquettes de repas sont déposées devant les cellules dans des couloirs infestés de rats.
La mission d'inspection regrette que des travaux de réhabilitation des bâtiments ne soient pas programmés. Un nouveau bâtiment a été construit en 1989, mais il est condamné par "d'importants défauts de structure".
La prison des Baumettes ont été ouverte en 1936. Son budget est "en baisse très sensible" en 2012 par rapport à 2011 (- 7,2 %) et La direction rogne sur les "fournitures et travaux" (- 36,7 %), ou sur "l'hygiène et la propreté des détenus" (- 58 %) indique le rapport.
La violence est l'autre phénomène constaté par les inspecteurs. Les gardiens ont peur et ne surveillent pas la promenade ni les douches, lieux de règlement de comptes sanglants.
Pas moins de 1 769 personnes étaient incarcérées au 1er octobre, pour 1 190 places. Dans la seule maison d'arrêt des hommes, le taux d'occupation est de 145,80 %. Fin