Merah raconte ses contacts avec Al Qaïda, décrit les actions qu'il envisageait ou le style de vie "fashion" qu'il avait adopté (DR)

France : la chaine TF1 diffuse l’enregistrement des conversations entre Mohamed Merah et la police

Le « tueur au scooter » qui a froidement abattu sept personnes parle sur un ton calme, posé et déterminé. La diffusion de cet enregistrement a provoqué un choc dans les familles des victimes, selon leurs avocats, et a suscité la colère du ministre de l’Intérieur, Manuel Walls .

Le 21 mars, le contact est établi après l'échec de l'assaut initial du Raid, vers 03h00.

Durant ces quatre heures et demie d'échanges, Merah raconte ses contacts avec Al Qaïda, décrit les actions qu'il envisageait ou le style de vie "fashion" qu'il avait adopté:

"Je suis quelqu'un de déterminé, je n'ai pas fait ça pour me laisser faire attraper, t'as vu. Là, on négocie tu vois, on est en train de négocier, après, en dehors des négociations, n'oublie pas que j'ai les armes à la main, je sais ce qui va se passer, je sais comment vous opérez pour intervenir", dit Mohamed Merah.

"Donc voilà, sachez qu'en face de vous, vous avez un homme qui n'a pas peur de la mort, moi la mort, je l'aime comme vous vous aimez la vie ». « Ca fait partie de la ruse, tu vois." Car "la guerre est une ruse".

Il parle d’un certain "Hassan", l'agent de la DCRI qui l'aurait rencontré de retour de son voyage au Pakistan quelques mois auparavant. Il lui explique les assassinats de trois parachutistes à Toulouse et Montauban puis de trois enfants et d'un père de famille juifs.

"Mon but dans ces attentats, c'était de tuer en priorité des militaires parce que ces militaires-là sont engagés en Afghanistan, et tous leurs alliés t'as vu, que ce soit de la police, de la gendarmerie, de la police nationale, de tout", dit-il.

Il raconte comment ayant raté une cible, un autre militaire, il s'est rabattu sur l'école juive Ozar Hatorah. Il dit: "J'ai repris le scooter et je suis passé comme ça, ce n'était pas prémédité, enfin si, je comptais le faire, t'as vu, mais le matin en me réveillant c'était pas mon objectif."

Prêt à de nouveaux carnages…

Merah raconte ses périples en Afghanistan et au Pakistan. "Tu crois que je vais faire du tourisme au Pakistan et en Afghanistan? Qui t'as vu faire du tourisme dans ces pays-là ?", ironise-t-il dans sa discussion avec "Hassan".

"J'ai fait plusieurs pays afin de trouver les frères. Quand je les ai trouvés, c'est quand j'ai été au Pakistan. Je les ai pas trouvés avant (...) l'Afghanistan non plus, je les avais pas trouvés. Je les ai trouvés au Pakistan", ajoute-t-il.

Merah expliquera qu'il était prêt à de nouveaux carnages. Il savait qu'un jour "ça allait être vraiment chaud pour moi, qu'il y allait avoir des barrages, tout ça."

Alors, "j'aurais tout fait au culot, je serais entré dans les commissariats, j'aurais abattu le policier qui est à l'accueil, j'aurais abattu des gens dans la rue, des gendarmes qui circulent en voiture, aux feux rouges, j'aurais mis des guet-apens."

"J'allais faire tout au hasard et sans aucune préparation", ajoute-t-il.

Dans la nuit du 21 au 22 mars, Merah dit qu'il ne se rendra pas. Les négociateurs ne lui permettent pas de parler à sa mère.

Il mourra dans l'assaut du Raid douze heures plus tard. De l'avis Me Laure Bergès-Kuntz interrogée par l'AFP, l'avocate de Loïc Liber, le parachutiste grièvement blessé par Merah, cet enregistrement est "conforme à l'image du fanatique religieux qui est prêt à mourir pour la religion".