Le plan de l'emissaire Kofi Annan prévoit le retrait de l'armée et l'arrêt de la violence. (Xinhua)

Syrie : le plan Annan tombe à l’eau, tandis que le sang coule toujours

Les troupes régulières syriennes étaient supposées se retirer des villes occupées mardi 10 avril et respecter un cessez-le-feu dans les 48h, selon le plan proposé et accepté de l'émissaire spécial des Nations unies et de la Ligue arabe, Kofi Annan. Retournement de dernière minute : Assad exige désormais des « garanties écrites » assurant que les rebelles s’engagent à arrêter toute forme de violence.

Le pouvoir syrien demande également que le Qatar, l’Arabie Saoudite et la Turquie s’engagent à ne pas financer les troupes constituées par l’armée syrienne libre (ASL).

L'application de la résolution en six points adoptée à l'unanimité par l'ensemble du Conseil de sécurité des Nations unies le 21 mars, sur la base du plan Annan, a donc peu de chances d’être appliquée. La crise syrienne entre dans une nouvelle phase, particulièrement sanglante.

L'opposition s'est pour sa part refusée à négocier directement avec Bachar Al-Assad. « C'est à la communauté internationale que nous présentons nos assurances et garanties, non pas à ce régime », a déclaré dimanche le colonel Riad Al-Assaad, chef de l'Armée syrienne libre, rapporte l’AFP. L’opposition n’est en fait pas convaincue par un plan qui ne prévoit pas le départ de Bachar Al-assad, une revendication centrale.

De son côté, ce dernier cherche de toute évidence à gagner du temps en soufflant le chaud et le froid. Le président syrien craint surtout une reprise des manifestations d’opposants, une fois l’armée hors de villes. Son objectif est de neutraliser militairement les troupes rebelles et de dissuader les populations tentées par une reprise de la contestation. Le pouvoir syrien entend ainsi se placer en position de force pour se maintenir avec le soutien de ses alliés russes et chinois.

Plus d'une centaine d'exécutions sommaires

L’adoption désormais compromise du plan Annan a été accompagnée d’une intensification de la répression, notamment dans la province de Deraa, qui jouxte la Jordanie, et dans la région de Hama, à environ 320 km plus au nord, ainsi que dans certains quartiers de Homs, la troisième ville du pays, rapporte l’AFP.

Selon cette même source, dans un rapport publié lundi 9 avril, l'organisation de défense des droits de l'homme Human Rights Watch (HRW) a affirmé que les forces du régime de Bachar Al-Assad et les milices qui lui sont fidèles ont mené plus de cent exécutions sommaires au cours des dernières semaines. Les incidents relatés en détail par HRW concernent au moins 85 civils et 16 combattants rebelles.

La France a enfin vivement réagi aux exigences syriennes. « Alors que le régime de Bachar Al Assad avait annoncé qu'il acceptait le plan Annan et proposé lui-même la date du 10 avril pour le retrait de ses troupes et de ses armes lourdes des centres urbains, il formule maintenant de nouvelles exigences inacceptables », a indiqué le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères Bernard Valero.

« A cette échéance, la France avec la communauté internationale, devra tirer les conséquences de ce refus du régime syrien de coopérer. Elle rappelle avec force cette exigence à Damas », a-t-il ajouté.