Résidents du Refuge, ils écrivent contre l'homophobie : le témoignage de Jessy !
Par nicolas éthèvePublié le
Médiaterranée, le Refuge et MonRubanBleu® s'associent pour donner la parole chaque dimanche, à un jeune suivi par Le Refuge. Au travers de leurs écrits, ils racontent leur histoire et leurs difficultés face à l'intolérance homophobe pour qu'elle disparaisse de ce monde. Aujourd'hui, nous vous livrons le témoignage de Jessy.
Deux mois après la mort de Peter, ce jeune homosexuel que ses parents homophobes voulaient exorciser pour qu'il « change de bord », Le Refuge, MonRubanBleu® et Médiaterranée ont décidé de s'associer pour donner chaque dimanche de ces prochaines semaines, la parole à un résident du Refuge. Pour qu'ils puissent, chacun à leur tour, vous raconter leur histoire et leurs difficultés face à l'intolérance homophobe. Parce que l'écriture libère et transforme les êtres et le monde.
Après le précédent témoignage de Michel, nous vous livrons, ce dimanche 9 novembre, celui de Jessy qui, âgé de 26 ans, a dû supporter les brimades de ces collègues homophobes avant d'être licencié.
Le témoignage de Jessy
« Mes parents ont divorcé dès ma naissance, à partir de ce jour ma mère m'a empêché de voir mon père, petit à petit en grandissant, j'en ai énormément souffert, il est décédé lorsque j'avais 10 ans et depuis, je ressens un énorme vide en moi.
À l'âge de 13 ans, j'ai commencé à me poser des questions sur mon orientation sexuelle. Même si au fond de moi, je savais que c'était les garçons qui m'attiraient, j'ai quand même voulu essayer avec une fille, mais je me suis vite rendu compte que ce n'était pas pour moi : ça me dégouttait et je me sentais mal. Mais j'ai voulu le cacher à tout le monde, car j'avais peur de leurs réactions. Je n'ai pas pu le cacher longtemps, j'avais un petit groupe d'amis qui me soutenaient, mais les autres m'insultaient, me traitaient de sale PD, m'humiliaient, le collège a été une période très difficile pour moi.
Quant à ma famille ? Eh bien la première fois que je leur ai annoncé mon homosexualité, c'était dans un bus au retour de vacances, mais personne n'y a cru, je n'ai pas insisté. Mais un jour, en ayant marre, j'ai recommencé, cette fois par SMS. Ma mère n'a pas accepté de suite, ainsi qu'une de mes sœurs, l'ambiance était assez tendue chez moi...
À cette époque, je travaillais dans le secours aux personnes, ça se passait très mal avec mes collègues : je subissais tous les jours leurs insultes et leur homophobie, ce qui m'a poussé plusieurs fois à faire des tentatives de suicide et ils ont trouvé des excuses pour me licencier.
En 2013, j'ai quitté le domicile familial pour un foyer de jeunes travailleurs. Voyant mon grand mal-être, un de mes amis m'a parlé du Refuge. Après un contact téléphonique avec Nicolas Noguier, je suis allé passer 15 jours au Refuge de Montpellier où j'ai été très bien accueilli : tout le monde s'est super bien occupé de moi, j'ai même eu droit à de superbes surprises pour mon anniversaire. Pour la première fois de ma vie, je me sentais compris, accepté, j'étais heureux et j'avais des personnes à mes côtés pour me comprendre et m'écouter.
Aujourd'hui, ayant quelques soucis de santé, je mets pour le moment mes projets professionnels entre parenthèse et je reste toujours en contact avec Le Refuge : j'y passe certaines vacances quand j'en ai besoin et je continue plus que jamais de défendre leurs valeurs. Pour moi, Le Refuge est comme l'oxygène qui me permet de vivre.
Je voudrais tous les remercier d'être là, de toujours répondre présent quand nous avons besoin d'eux, vous êtes ma famille pour toujours, je vous aime. »