Cengiz Aktar entouré de B. Suzzarelli à sa droite et de T. Fabre (N. Bendjilali)

Les Mardis du MuCEM, pour mieux comprendre les civilisations entre Méditerranée et Europe

Comme nous vous en informions il y a de cela quelques jours dans nos colonnes, en prélude à son ouverture à Marseille en 2013, le MuCEM (le Musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée), s’engage dans une deuxième saison des « Mardis du MuCEM ». Cette configuration de musée hors les murs, l’équipe du MuCEM en fait un atout pour mieux s’ancrer dans le territoire marseillais, notamment en tissant des partenariats avec des lieux qui deviennent leurs hôtes.

L’enjeu est de faire en sorte que le premier musée national hors de Paris soit compris, accepté par la cité phocéenne et qu’un public s’impose peu à peu à la faveur de rendez-vous réguliers. Ce lundi 10 octobre 2011, c’est donc le salon du Grand Hôtel Beauveau, face au Vieux-Port, qui a accueilli la conférence de presse organisée par le MuCEM pour présenter les nouveautés de la saison 2, l’esprit de ces rencontres et la programmation à venir.

Une évidence pour cet établissement qui fait face au célèbre Vieux-Port et qui, comme l’a souligné dans son introduction Bruno Suzzarelli, Directeur du Musée des Civilisations de l'Europe et de la Méditerranée, « a une longue tradition littéraire puisque Lamartine ou encore Georges Sand avec Chopin et bien d’autres écrivains y ont séjourné ».

Un autre des partenaires de ces « Mardis » est la Bibliothèque de l’Alcazar qui accueille chaque mois, un mardi à 18h30, ces moments de rencontre-décryptage, dans son auditorium de 200 places. Un lieu bien choisi que cette bibliothèque enchâssée dans la vie de l’hyper-centre, à l’affluence record d’usagers de toutes origines sociales et ethniques, lieu à la fois de recherche, de lecture, de propositions culturelles, bref espace à vocation culturelle par excellence. « Les Mardis du MuCEM sont bien l’amorce et l’annonce du positionnement du musée qui ouvrira ses portes en 2013 : être partie prenante des débats et des questions de société entre Méditerranée et Europe » rappelle Bruno Suzzarelli.

La saison 2 offre son lot de nouveautés : d’une part en enrichissant les propositions et d’autre part en amplifiant la diffusion de ces rencontres. Sur le premier point, « la première convention entre l’INA (l’Institut National de l’Audiovisuel) et un musée national a été signée avec le MuCEM et c’est ainsi que les « mardis » seront alimentés par des images d’archives, dans un partenariat en acte avec l’INA Méditerranée et nous réfléchissons à un projet original d’utilisation et de présentation des images d’archives dans le musée lui-même » nous précise Thierry Fabre, responsable de la programmation et des relations internationales du MuCEM.

«Pour que le contenu de ces rencontres puissent partir de Marseille et rayonner au-delà de la cité, au national et à l’international, dorénavant l’intégralité des Mardis du MuCEM seront écoutables, à partir de France Culture et le site internet du musée sera éditorialisé ce qui permettra de prolonger ces moments de rencontres par du contenu, notamment des propositions des bibliographies, en lien avec l’Association des Libraires de Marseille mais aussi du son, des images etc.»

Restait à préciser les débats d’idées et questions d’actualité mises à l’ordre du jour de cette saison. Rythmée en trois cycles, on abordera d’octobre à décembre 2011 les « Questions de mémoires, questions de frontières », puis au premier trimestre 2012 la « Méditerranée, un nouvel ordre du monde ? » et d’avril à juin 2012 « Les grandes questions de notre temps ».

Cengiz Aktar, intervenant pour la rencontre inaugurale de la saison 2, le 11 octobre 2011, titrée «Arménie/Turquie, les chemins de la reconnaissance», Directeur du Centre pour l'Union européenne à l'Université Bahcesehir d'Istanbul, membre de la Fondation Hrant Dink et auteur de l'Appel au pardon-CNRS éditions 2011, donne un avant-goût de son intervention de demain en disant : « La société turque est en pleine délivrance de mémoire. Ce retour de mémoire concerne les tabous fondateurs, les mythes fondateurs peut-on dire et pas seulement la question de l’Arménie, de la république turque depuis1923 et un peu avant (…) C’est utile pour sortir du carcan : vous reconnaissez le génocide ? Non, je ne reconnais pas le génocide ». Demain, c’est bien à la recherche de convergences que vont d’atteler les deux intellectuels invités.

Les deux autres rencontres de ce cycle seront également centrées sur des nœuds de mémoire, notamment ici, à Marseille : en novembre autour de «Israël / Palestine, récits de frontières» et en décembre «Ecrire la guerre d'Algérie, entre littérature et Histoire».

Quant au cycle qui démarrera l’année 2012, il sera inauguré par une rencontre autour des révolutions arabes, un an après.

«On ne peut pas se contenter des statu quo. Que peut-on attendre de la culture et d’un lieu culturel comme le MuCEM face aux questions qui traversent le monde méditerranéen ? Cette question je la poserai aux intervenants» nous confie Thierry Fabre, créateur et animateur de ces Mardis. Une raison de plus d’aller entendre les réponses…

Calendrier et détails sur les prochains mardis du MuCEM :
www.musee-europemediterranee.org

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