l'opposition à la guerre monte en puisance... (DR)

Ils disent non à la guerre...

L’opposition aux frappes prend de l’ampleur en Syrie et à travers le monde. Les opposants de gauche à Bachar al-Assad réaffirment leur position pour une solution politique. De nombreuses personnalités exigent le respect du droit international. Le tandem Obama/Hollande est de plus en plus isolé.

Désignés comme « opposants de l’intérieur », les démocrates de gauche en lutte contre le régime de Damas dénoncent les frappes annoncées sur le territoire, qui constituent à leurs yeux la pire des voies à suivre. « Nous sommes résolument contre l’intervention armée pour la simple raison qu’elle ne sert aucunement les intérêts du peuple syrien », résume Khaled Issa, vice-président du Comité national de coordination des forces de changement démocratique (CNCD) et représentant du parti de l’Union démocratique (PYD, Kurde).

« Les pays qui se préparent à bombarder ne sont pas des organisations caritatives, ils ont nécessairement des objectifs cachés, à mille lieux des attentes des populations civiles prises en étau entre les forces gouvernementales et les groupes de rebelles armés », précise-t-il. Le CNCD qui met en avant la dimension ethno-religieuse du pays s’est prononcé dès le début de l’insurrection en faveur d’un « mouvement civil et contre la militarisation ».

Selon Khaled Issa, la coalition d’opposition, auréolée notamment par la France et les autres puissances, a transformé « la révolution en guerre civile sur des bases confessionnelles ». Le CNCD se positionne en faveur de « négociations en vue de la constitution d’un gouvernement de transition ».

Les déclarations de personnalités opposées à l’aventure guerrière se multiplient à travers le monde. Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon recentre le débat dans le cadre du droit international et du rôle de l’institution qu’il dirige. « L'usage de la force est légal uniquement quand il s'agit (pour un Etat membre) de se défendre, conformément à l'article 51 de la Charte, ou quand le Conseil de sécurité a approuvé une telle action ».

L'ex-procureur du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie Carla del Ponte, estime que « la négociation est la seule solution possible pour les Syriens ». Evoquant son expérience dans les Balkans, elle prévoit « plus de victimes et plus de morts » en cas d’intervention militaire.  

L’écrivain et sociologue Edgar Morin va dans le même sens en suggérant « un compromis entre les puissances » sous l’égide de l’ONU. « Il peut sembler inconcevable à beaucoup que Bachar Al-Assad ne soit pas éliminé. Mais la démocratie n'a été rétablie au Chili qu'avec un compromis qui a laissé le bourreau Pinochet deux ans à la tête de l'Etat et six ans à la tête de l'armée. L'irrésistible processus pacifique a abouti à la condamnation de Pinochet », rappelle-t-il.

Le pape François a dénoncé de son côté dimanche, à l’occasion de la prière de l’Angélus, les « guerres commerciales pour vendre des armes », appelant les dirigeants à « une juste solution au conflit fratricide », en Syrie.

Au plan international, Les pays dits « émergents » mettent en avant le principe de la souveraineté et le droit international. Le « Brésil ne reconnaîtra aucune action en Syrie sans l’approbation des Nations Unies » a déclaré Dilma Rousseff, rejoignant ainsi les positions de Cristina Kirchner, présidente de l’Argentine, du chef de l’Etat Mexicain, Enrique Peña Nieto, du Sud Africain, Jacob Zuma, de l’Inde, de la Corée du sud et de l’Indonésie.

Les pays Arabes sont quant à eux fortement divisés. L’Irak, l’Algérie et la Tunisie, sont résolument opposés à des frappes, avec ou sans l’accord de l’ONU, estimant qu’il s’agirait d’une forme « d’ingérence étrangère » dans un pays souverain. Tout en tenant Damas pour responsable de l’utilisation d’armes chimiques, le Maroc n’est pas pour autant favorable à une intervention militaire.

Les voix hostiles à la guerre montent ainsi en puissance au moment où la Russie reprend l’initiative en proposant la mise sous contrôle international des armes chimiques syriennes. La crise amorce un tournant.