Algérie: les élections, la belle affaire !

Il n’y a pas qu’en France que la politique fait bon ménage avec l’argent.

 En Algérie, les quelques règles de transparence édictées à l’avènement du multipartisme pour encadrer l’activité politique ont été progressivement démantelées par un régime qui a misé sur le contrôle autoritaire de la vie publique, le clientélisme et la corruption politique pour assurer sa « stabilité ».

La fraude électorale, adoptée comme moyen de configuration arbitraire du paysage politique et comme instrument de sélection et de promotion du personnel politique, va rapidement découpler l’acte de vote de son résultat. Les échéances électorales ne servent plus qu’à recomposer le rapport de forces factice entre les « courants politiques » et à gratifier des chefs de formations et des candidats « utiles ».

Le vote a fini par délaisser sa finalité politique pour une fonction d’organisation clientéliste des carrières politiques. Et les retombées statutaires et financières de l’engagement politique ont pris la place des convictions et ambitions politiques.

Même l’électeur, revenu de l’illusion démocratique, négocie parfois son paraphe avec les candidats dont le parti doit passer par l’épreuve des signatures de parrainage (n’ayant pas obtenu le minimum de 4% des voix à l’élection précédente). Instituant ainsi parmi cette catégorie de formations et de candidats, une discrimination entre riches et pauvres.

Cette révolution culturelle explique que les partis d’opposition, même quand ils sont dans une démarche « participative » n’arrivent pas à recruter suffisamment de candidat pour couvrir l’ensemble des circonscriptions électorales et que les partis du pouvoir (FLN, RND), assurés de leur majorité, ont du mal à gérer les carambolages que l’appât du siège suscite parmi leurs souscripteurs.

Les partis islamistes, connues pour leur « opportunisme de conviction » et leur fonctionnement « communautaire », ne souffrent pas, non plus, de pénurie d’ambitions.

Et dans ce climat de désaffection populaire, les formations « personnelles » d’anciens ministres du régime (TAJ, MPA) font aussi le plein de candidatures, loin devant les partis à longue tradition (FFS, RCD, MDS), juste parce qu’ils offrent une garantie de proximité avec le centre de gestion de la rente.

Les élections, la belle affaire !

M. H